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L’Opéra de Dijon a inscrit à son programme de la saison 2018-2019 (du 22 au 28 mars 2019 ), un opéra composé par l’enfant du pays, créé récemment, en 1982, et encore (trop) peu joué. Cette création dijonnaise des « Boréades » était attendue et elle n’a pas déçu.
Serait-ce une gageure de monter dans la ville natale de Jean-Philippe Rameau son dernier opéra, composé alors même qu’il était sur le point de dépasser les 80 ans ?
Certains l’ont suggéré, bien à tort. Et l’on peut ajouter que cette production aurait amplement mérité d’être jouée sur une plus longue durée. Fort opportunément, au moment même où nous rendons compte de ce spectacle, nous apprenons qu’une captation serait réalisée : nous ne pouvons que nous en réjouir.
« Les Boréades », qu’est-ce à dire ? L’occasion rare et précieuse d’avoir vu le chef d’œuvre ultime de Rameau, chef d’œuvre « oublié » dont on rappellera qu’il a connu 2 répétitions au printemps 1763, soit un an avant la disparition du compositeur. Il ne fut pas créé du vivant du compositeur mais…. en juillet 1982, à Aix-en-Provence. On a beaucoup glosé sur le fait que l’opéra « Les Boréades » n’avait pas été donné du vivant de Rameau et que son sommeil pendant près de 250 ans était dû à diverses causes controversées. Étaient en cause : le genre – la tragédie lyrique-, alors obsolète et démodé, la censure politique, les difficultés techniques inhérentes à l’exécution de l’œuvre, etc… ?
Quoiqu’il en soit, on aura pris plaisir à cette pastorale qui peut en cacher une autre, et c’est tout l’art et l’intelligence du metteur en scène Barrie Kosky d’avoir su éclairer l’une pour mieux faire vivre l’autre.
Les Boréades © Opéra Dijon – Gilles Abegg
Deux princes, « Calisis » et « Borilée », se disputent le privilège d’épouser « Alphise », reine de Bactriane. Mais c’est un troisième personnage qui l’emportera, « Abaris », orphelin recueilli jadis par « Adamas », grand prêtre d’Apollon. « Abaris » et « Alphise » s’aiment… mais cette union ne pourra se faire qu’au prix d’un constat quelque peu subversif pour l’époque : il ne suffit pas d’être fils de roi pour être couronné !
C’est l’Amour – n’en déplaise au Dieu du Vent finalement désobéi – qui finit par triompher ! Or l’Amour, c’est la Liberté même, le mot est d’ailleurs proclamé à plusieurs reprises dans l’ouvrage et il traverse l’opéra tout entier ; brandi par Rameau, il en est le point cardinal.
Rameau a composé là une musique qui surprend et enchante.
Si les fondamentaux de la tragédie lyrique sont toujours là (présence d’un continuo, voix déclamées et ornementées « à la française »), Rameau n’hésite pas à bousculer les formes pour l’adapter à son propos : fulgurances vocales (tessitures tendues !) et instrumentales, inventivité audacieuse avec parfois des accents modernes et annonciateurs de la suite (notamment au début de l’acte IV et lors de la tempête), solistes dialoguant avec le Choeur, bassons occupant une grande place, plus encore que dans toute autre oeuvre.
Omniprésence active et puissante du Choeur – sur un mode antique -, commentant l’action, parfois en forme de dialogue avec les protagonistes, toujours en mouvement, suivant pas à pas le drame.
Le Choeur – © Opéra Dijon – Gilles Abegg
Œuvre « inclassable », en effet, ainsi que le confiera la directrice musicale de la production, Emmanuelle Haïm, lors de l’après-concert organisé judicieusement par l’Opéra et qui permet au public de prolonger le plaisir de la représentation avec les artistes.
Pour réussir ces Boréades, il était impératif de disposer de partenaires adéquats : c’est le cas pour la plupart des solistes, à quelques exceptions près.
Au sommet de la distribution: le ténor Mathias Vidal compose un « Abaris » étonnant de maitrise vocale et scénique trois heures durant, la soprano Emmanuelle De Negri dans ses quatre rôles « Semire », « Polymnie », « Nymphe »et un « Cupidon » savoureux et espiègle, puis Hélène Guilmette, noble et fière « Alphise ».
Autres mentions à Christopher Purves pour « Borée » et Edwin Crossley-Mercer en « Adamas »et « Apollon ».
Les solistes sont tous très investis dans le dispositif scénique très épuré éclairé d’une lumière froide (Franck Evin), à savoir un immense carré blanc et vide (que l’on retrouvera à la fin du spectacle), reposant sur un socle, sorte de scène sur la scène, surmonté d’une cloche immense qui a la particularité de faire apparaître et disparaître les acteurs de cette tragédie au gré de la dramaturgie.
On doit souligner l’importance de la danse dont on sait qu’elle est consubstantielle à la tragédie lyrique. Ce pourquoi on n’est pas surpris par l’omniprésence des danseurs – parfaitement réglés – tout au long de l’œuvre, au point de ne faire parfois qu’un avec le Choeur, précis, puissant et toujours très engagé vocalement.
La chorégraphie (Otto Pichler) peut surprendre par une sorte d’agitation incessante qui anime la scène et dont on ne perçoit pas, tout au moins au début, la raison. Cette agitation prend peu à peu tout son sens, au fur et à mesure de l’action : c’est le vent qui est – avec la liberté – le cœur même de l’œuvre, avec sa fébrilité, sa puissance, sa fantaisie et ses revirements…
Les Boréades © Opéra de Dijon -Gilles Abegg
Les solistes, le Choeur et l’Orchestre du Concert d’Astrée sont dirigés de main de maître par Emmanuelle Haïm dont on perçoit tout au long du spectacle la passion pour cette partition « oubliée » (selon Sylvie Bouissou*).
L’immense mérite de sa direction est de faire de cet ouvrage, morcelé en une multitude de séquences musicales et scéniques, une seule phrase musicale qui met en valeur le génie de ce compositeur juvénile de 8o ans !
On attend avec impatience la captation de cette exceptionnelle production (… à suivre !)
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