Massenet à Monte-Carlo : une histoire d’amour qui perdure
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Cette année l’Opéra de Monte-Carlo présente deux chanteurs mythiques fêtant chacun leurs cinquante ans: Cecilia Bartoli et Bryn Terfel. Or, pour marquer l’occasion chacun a pris une approche divergente. Bartoli, toujours prête à se lancer dans un nouveau projet de découverte musicale, se tourne vers l’avenir, fondant un orchestre baroque qui la soutiendra dans divers programmes et enregistrements. Terfel, par contre, regarde derrière lui, offrant ce vendredi 4 novembre une récapitulation non seulement de sa riche carrière lyrique, mais de sa vie.
Sa rétrospective est conçue avec intelligence ; ce n’est pas simplement un « best of » reprenant des airs d’opéras dans lesquels il excelle, comme son CD Bad Boys (Deutsche Grammophon, 2010), mais un programme d’une impressionnante diversité allant de la chanson galloise à la comédie musicale, en passant par la chanson anglaise, le lied allemand et la mélodie française.
L’absence de textes dans le programme imprimé fait surgir la question épineuse de comment aider le public à comprendre un récital de chant en diverses langues. Plus personne ne conteste aujourd’hui l’utilité des surtitres lors d’un spectacle lyrique, mais dans un Liederabend la projection se surtitres risque de nuire à la connivence entre le chanteur et son public. Heureusement Terfel, conscient que peu de ses auditeurs ne savent le gallois, a introduit chaque partie du programme en donnant un résumé des textes chantés.
Ce n’est pas simplement un « best of » […] mais un programme d’une impressionnante diversité allant de la chanson galloise à la comédie musicale, en passant par la chanson anglaise, le lied allemand et la mélodie françaiseAccompagné par la superbe pianiste russe Natalia Katyukova, Terfel a commencé le récital avec trois chansons de son Pays de Galles natal, composées par Idris Lewis (1889-1952), Owen Williams (1877-1956) et Meirion Williams (1901-1976). Can yr arad goch (Chanson de la charrue rouge) était la toute première chanson qui lui fut enseignée par sa grand-mère. Le texte, évoquant les plaisirs de la vie à la ferme, prend une signification personnelle car Terfel est lui-même le fils d’un fermier du petit hameau de Pant Glas.
Les Salt Water Ballads (Ballades de l’eau salée) de Frederick Keel (1871-1954), mélodiques et évocatrices de la mer, nous amènent à la période où Terfel était étudiant du baryton Arthur Reckless au Guildhall School of Music à Londres. Pendant trois ans celui-ci a nourri la voix du jeune Terfel d’un régime de chansons anglaises. Ensuite, Terfel traverse la Manche et nous plonge dans une Espagne imaginée par Jacques Ibert dans ses Chansons de Don Quichotte (1933). Terfel a raconté comment le célèbre acteur et baryton Fédor Chaliapine, ayant commandé à Maurice Ravel trois mélodies pour le film de Georg Wilhelm Pabst Don Quichotte mais les ayant trouvées trop difficiles, avait demandé à Ibert d’en composer une version moins ardue. La première partie du programme s’est achevée avec humour, par le Medley de chansons populaires galloises de Bryan Davies, compositeur gallois contemporain.
Récital Bryn Terfel © Alain Hanel – OMC 2016-2017
Terfel entame la deuxième partie de son récital par quatre lieder de Schubert : Liebesbotschaft, Das Fischermädchen, Aus dem Wasser zu singen et Die Taubenpost. Terfel est un artiste « crossover » accompli qui après Schubert se tourne avec entrain vers la comédie musicale, avec des airs de Rodgers & Hammerstein et de Lerner & Loewe. Si ces transitions ne posent aucun problème à Terfel, elles sont moins aisées pour certains auditeurs qui auraient volontiers profité un peu plus longtemps de l’introspection offerte par les lieder de Schubert. Mais Terfel n’est pas principalement un spécialiste de l’introspection. Il brille dans des rôles lyriques expansifs où ses talents d’acteur et de raconteur s’épanouissent pour notre plaisir.
Terfel brille dans des rôles lyriques expansifs où ses talents d’acteur et de raconteur s’épanouissent pour notre plaisir.Le programme s’est achevé sur If I were a rich man d’Un violon sur le toit. Chanter cet air devant un public monégasque est l’ultime exemple de l’humour gallois dont Bryn Terfel nous a fait profiter tout au long de ce récital. Il nous rappelle la célèbre remarque de John Lennon lorsque les Beatles avaient joué devant la Reine Elisabeth en 1963 : « For those of you in the cheap seats I’d like ya’ to clap your hands to this one ; the rest of you can just rattle your jewelry! » (« Pour vous qui êtes installés dans les places les moins chères, j’aimerais que vous tapiez dans vos mains pendant notre prochaine chanson ; tous les autres, agitez vos bijoux ! »)
Terfel, artiste toujours généreux, a offert trois bis à son public enthousiaste: Litanei auf das Fest Allerseelen de Schubert, Son lo spirito che nega de Mefistofele de Boito (avec des sifflements de Terfel proprement diaboliques) et The Green-eyed Dragon de Wolseley Charles (1889-1962).
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