De l’art du rébus en musique
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Après une première parution en anglais et en allemand, le livre du musicologue Willem de Vries, Commando Musik. Comment les nazis ont spolié l’Europe musicale, a enfin paru en version française chez Buchet/Chastel. Fruit d’un travail minutieux de plus de 10 ans, l’auteur y détaille comment le Sonderstab Musik (commando “musique”) organisa la fuite d’un très grand nombre de partitions, ouvrages et instruments vers l’Allemagne, entre 1940 et 1944. Willem de Vries évoque notamment pour Classicagenda comment il a surmonté les premières difficultés, raconte la chute de Boetticher, un éminent musicologue, et le rôle de Guillaume de Van, Conservateur au département de la musique de la Bibliothèque nationale à Paris et collaborateur actif du commando “musique”.
Durant une visite à Madeleine Milhaud à Paris en 1990. Elle me racontait que leur appartement fut vidé par les nazis, y compris les disques 78 tours de jazz dont j’avais besoin pour ma thèse ‘Darius Milhaud et le Jazz’. Puis j’ai visité le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) où j’ai vu des documents avec ‘Sonderstab Musik’.
En 1991, mon Université n’avait pas de “Professeur -en-Chef” qui prend les décisions sur les thèses de doctorat. Les 3 docteurs temporaires n’ont pas osé décider du devenir de ma proposition, j’ai trouvé ça incroyable ! Boetticher était un professeur renommé. J’ai donc décidé de continuer à mes propres frais, j’avais déjà plus de 50 ans.
Son rôle pendant la guerre était bien connu en Allemagne, mais pas aux Pays-Bas. Même Fred Prieberg, qui me poussait à continuer mes recherches, n’avait pas ‘le pouvoir’ de faire tomber Boetticher.
J’ai donc été invité à Göttingen par les étudiants de l’université afin de clarifier mes écrits sur Boetticher. J’ai raconté cette histoire à l’aide de mes documents. Ils étaient furieux !
Mais j’ai eu la “veine” de découvrir des documents inconnus sur lui. Plus tard, j’ai donc été invité à Göttingen par les étudiants de l’université afin de clarifier mes écrits sur Boetticher. J’ai raconté cette histoire à l’aide de mes documents. Ils étaient furieux ! A la suite de cela Boetticher fut démis de ses fonctions car malheureusement pour lui, il était le dernier musicologue vivant coupable de confiscations, il était sans protection… J’ai aussi reçu des lettres de menaces, mais ça ne changeait rien.
Pas du tout, ni en France, ni dans les Archives allemandes !
C’est compliqué puisque la question est toujours : où sont les biens maintenant ? La Russie ne redonne rien… Ils disent : ‘tout d’abord, redonnez-nous tout ce qui a été spolié chez nous (par les Allemands)”. Mais il y a de petits succès. Lorsque le mur est tombé, une bibliothèque à Berlin Est est devenue “Est-Ouest”. J’y ai trouvé une collection de compositions dédiées à Artur Rubinstein, confisquée à Paris pendant la guerre, laquelle a été redonnée à sa famille aux Etats-Unis.
© Bundesarchiv B323/11, Coblence
Concernant la musique, avant la guerre, on connaissait surtout les grands artistes juifs à la réputation internationale, donc seulement les “grandes” collections de musique telles que celles de Landowska ou Milhaud. Ces objets ont ensuite été déplacés à Berlin, puis en Silésie, puis perdus…
Les objets d’art ont, quant à eux, fait l’objet d’une grande attention en raison de leur valeur. Ils étaient souvent en possession de familles juives fortunées qui avaient quitté la France. En général les objets d’art sont retournés dans les musées.
A partir de 1943, il y avait des problèmes logistiques en raison des bombardements sur Berlin, du quartier abritant le Sonderstab Musik, mais aussi des actions des alliés et de l’évacuation en Silésie, entre autres..
En fait, le dictionnaire avait déjà été rédigé avant la guerre, après 1938. Il s’agit d’un horrible produit de Gerigk (et de Boetticher et des allemands) qui a facilité la localisation des artistes et des juifs, et a permis de les dérober. Il ne contenait pas les adresses mais, par exemple, les lieux de travail des artistes. Beaucoup ont fui mais la plupart ont été déportés…
Guillaume de Van a ouvert aux Allemands toute la Bibliothèque Nationale.
Il s’agissait d’un personnage très curieux, né aux Etats-Unis et venu ensuite à Paris. Un spécialiste de la musique ancienne et du XVI°. Il a ouvert aux Allemands toute la Bibliothèque Nationale. On ne sait pas s’il a donné des manuscrits mais il a permis de les copier. La période était propice aux reproductions grâce à un matériel permettant de prendre des photos rapidement. Les Allemands ont donc obtenu beaucoup de copies. Mais je n’ai pas trouvé les pertes réelles de la Bibliothèque et il n’est pas sûr que Boetticher ait pris des manuscrits. De Van a été arrêté en 44 puis a fui vers l’Italie. Je n’ai pas découvert de traces d’interrogatoire, il a emporté son secret avec lui…
Si on regarde l’inventaire des instruments et sa bibliothèque, c’est en raison de la valeur, en argent et en qualité.
A l’âge de 80 ans, je suis fier d’avoir écrit mon livre, sur un thème inconnu à l’époque. Et puis, pour moi c’était incroyable, j’ai été obligé de me déplacer physiquement dans les archives de plusieurs pays.. Ce qui m’a permis de rencontrer des gens qui m’ont donné des informations. (Maintenant les jeunes ont un ordinateur et travaillent par mail !). La pratique de plusieurs langues m’a également beaucoup aidé dans mes recherches. J’ai aussi rencontré Madeleine Milhaud, une femme forte, mais ravie que je vienne la rencontrer car elle pouvait enfin parler de la guerre.
Commando Musik : comment les nazis ont spolié l’Europe musicale
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