Massenet à Monte-Carlo : une histoire d’amour qui perdure
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L’Athénée Théâtre Louis-Jouvet met le baroque en couleurs avec cette production de l’Arcal, compagnie nationale de théâtre lyrique et musical (direction Catherine Kollen) qui débute ainsi sa saison 2020/2021. Il l’inaugure par une première française : celle de la représentation scénique de l’opéra Crésus, oeuvre oubliée de Reinhard Keiser (1674-1739), compositeur inconnu… ou presque, et prolifique (plus d’une soixantaine d’opéras). Il a donc fallu attendre près de trois siècles pour que résonne – enfin – ce chef d’oeuvre dont le chanteur et chef René Jacobs nous a fait redécouvrir la beauté au disque en 2000.
Si l’histoire de Crésus évoque l’or et la richesse, ces derniers ne font pas la fortune des personnages réinventés par le librettiste de l’ouvrage, Lukas von Postel (1649- 1716). Le sous-titre qu’il a donné à son oeuvre est d’ailleurs très évocateur et éclaire l’argument et la morale proposés : « Très véridique histoire sur l’inconstance de la fortune et des honneurs du monde – Gloire, chute et restauration de Crésus » !
Crésus nous donne à voir le spectacle de la cupidité et de la trahison dont l’or est évidemment l’enjeu… mais aussi le spectacle du pouvoir et de l’amour : Crésus, riche roi de Lydie, se délecte de sa puissance. Mais il n’écoute pas – pour son malheur – les conseils avisés du sage Solon qui lui rappelle que richesse et bonheur sont éphémères. Il engage, à tort, un conflit avec les Perses dirigés par Cyrus, qui mettent en pièces son armée. Un compromis sera finalement trouvé et Crésus échappera de justesse au bûcher.
« Crésus » © Amélie Kiritzé-Topor
Sur scène s’agitent des créatures rongées par l’orgueil, hantées par l’ambition et dévorées par la passion amoureuse, celle-ci étant la plupart du temps contrariée. On ne sera pas très surpris que, dans ce huis clos étouffant, or et bonheur ne fassent pas bon ménage.
Ce très bel ouvrage est servi par un superbe plateau de solistes : d’abord Elmira, princesse mède bien-aimée d’Atys, rôle qui tient une place centrale musicalement et scéniquement, magnifiquement interprété par la coréenne Yun Jung Choi. Le baryton chilien Ramiro Maturana campe à souhait un Crésus solitaire et indécis ; autour d’eux de merveilleux chanteurs donnent la réplique : le baryton-basse ukrainien Andriy Gnatiuk dans le rôle de l' »ennemi » perse, Cyrus, le très beau mezzo-soprano de la française Inès Berlet pour le rôle travesti d’Atys ou l’admirable baryton autrichien Wolfgang Resch pour le traître Orsanes.
On y ajoute, bien sûr, le ténor espagnol Jorge Navarro Colorado en Eliates, le frivole prince lydien, Clerida, princesse lydienne tenue avec finesse par la soprano française Marion Grange, sans oublier le ténor français Benoît Rameau en Solon (et Hallamacus) ténor puissant et tragique. Autre particularité de cet ouvrage, la présence d’un bouffon, Elcius (excellent Charlie Guillemin), dont la présence scénique ébouriffante traverse avec bonheur toute l’oeuvre.
La mise en scène de Benoît Bénichou (assisté d’Anne Lopez au « mouvement » et d’Amélie Kiritzé-Topor à la scénographie) utilise à merveille la multiplicité de petits tableaux dont est constitué l’ouvrage, et lui donne la lisibilité, le dynamisme, la fluidité qu’il faut. A noter la grande beauté des décors, costumes et lumières.
« Crésus » © Amélie Kiritzé-Topor
On pourra ne pas toujours partager les choix de direction d’acteurs : trop de pâmoisons et de lascivités spectaculaires tuent parfois le propos.
La musique – éblouissante – balaie toute réserve. Quantité de mélodies – toutes plus belles et diverses les unes que les autres – jalonnent l’oeuvre. On se surprend à découvrir une telle richesse mélodique et orchestrale dans un ouvrage de la première moitié du XVIIIème siècle. Quant à la fosse, cette musique est dirigée de main de maître, du violon et à la baguette, par le chef et violoniste italien Johannes Pramsohler. Il allie avec une grande intensité, délicatesse et émotion, à la tête de son Ensemble Diderot dont il est le fondateur et directeur musical.
Exceptionnel d’homogénéité, l’Ensemble Diderot porte toute l’oeuvre, la transcende et lui restitue toute la couleur qui y est contenue.
Une grande réussite lyrique. A reprendre dès que possible.
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