David Bismuth © DR
David Bismuth © DR

Beethoven en toute intimité au Bal Blomet, le pari réussi de David Bismuth

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Le pianiste David Bismuth nous conviait vendredi 29 septembre à un récital au cabaret Le Bal Blomet, à l’occasion de la sortie de son nouveau disque.
Intitulé « Beethoven et ses maîtres », le concert reprenait les principales œuvres de l’album. Un moment particulier, où l’artiste a mis en lumière l’idée de filiation musicale.

 

Le lieu ne ressemble pas à une salle de concert classique. Plutôt dédié au jazz et aux comédies musicales, Le Bal Blomet est un cabaret historique – témoin du passage d’artistes du Paris des années 20 tels que Kiki de Montparnasse, Miro ou encore Joséphine Baker – où les frontières entre les genres musicaux s’effacent. Le public compte tous les âges et l’on peut assister au concert en toute décontraction, autour d’un verre, plutôt rare pour un concert de musique classique.

Le noir s’installe. Seul le piano de l’artiste est placé sous le feu des projecteurs. David Bismuth entre et nous plonge dans le vif du sujet avec les Variations en fa mineur de Haydn. A la fois bouleversante et brillante, l’œuvre est également un petit bijou d’ornementations.
Pourquoi Joseph Haydn se glisse-t-il dans ce programme ? Il était le « professeur de composition de Beethoven » nous rappellera  l’artiste durant le concert. En effet, le dernier disque du pianiste reprend l’idée de filiation musicale entre les compositeurs, à l’instar de son album « Bach Père et fils », qui mettait en lumière l’héritage musical de Jean-Sébastien Bach. Comme un prolongement à cette démarche, « Beethoven et ses maîtres » tente de nous démontrer comment la musique de Haydn et Haendel a influencé l’œuvre de Beethoven. « Avec Haendel, il apprit à faire beaucoup avec très peu » détaille le pianiste sur le livret de son dernier disque. Quant à Haydn, avec qui Beethoven étudia la composition, il lui aurait prédit :  « vous aurez des pensées que personne n’a encore eues »…

La suite du programme comporte la sonate La Tempête Op31/2 de Beethoven. David Bismuth entame les intrigantes arpèges d’ouverture, puis l’équilibre du toucher, une main gauche précise et maîtrisée dans le registre grave façonnent le premier mouvement et lui donnent un caractère résolu. Le pianiste n’en fait pas trop et produit un son sur-mesure pour la modeste salle. La proximité avec l’instrument nous fait d’ailleurs ressentir davantage l’intégrité de la partition. Le deuxième mouvement place la mélodie « en apesanteur »… plongeant ainsi le public dans un silence de cathédrale. Enfin, tel Prospero, le magicien qui avait le pouvoir de provoquer les vents dans la pièce La Tempête de Shakespeare – qui aurait par ailleurs inspiré Beethoven pour la composition de cette oeuvre – David Bismuth nous entraîne dans les bourrasques hypnotiques du dernier mouvement. Un coup de maître !

La Suite n.1 HWV434 de Haendel, dont le Menuet final fut interprété avec sensibilité et émotion, vient naturellement trouver sa place dans ce programme car, il faut le rappeler, Beethoven était aussi un fervent admirateur du compositeur, qu’il n’a d’ailleurs jamais connu…
Enfin, on ne présente plus la Sonate Clair de lune de Beethoven, chef d’œuvre de poésie, dont l’adagio introductif nous laisse sans voix. Dans ces mystérieux triolets, David Bismuth ne cède pas à un pathos inutile ou à trop d’affect, chaque note trouve son sens, sa juste place, jusqu’à l’impétueux mouvement final, une prodigieuse fuite en avant pianistique !
En bis, l’artiste nous offre de nouveau la douceur du Menuet de la suite n°1 de Haendel, comme pour nous remettre de nos émotions.

Autant dire que nous vous conseillons fortement l’écoute de son dernier disque « Beethoven et ses maîtres », sorti sous le label AmeSON, qui ravira les mélomanes sensibles à une interprétation raffinée et à une remarquable intelligence musicale.

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