Françoise Levéchin-Gangloff : le solfège, clé de voûte de la liberté musicale
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Dimanche 31 mars au Théâtre des Champs-Elysées, on passait à l’humeur d’été, avec un magnifique ensemble composé du pianiste Lucas Debargue en tête d’affiche, entouré de David Castro-Balbi au violon et Alexandre Castro-Balbi au violoncelle. C’était l’occasion d’une double découverte : celle de Debargue compositeur, avec son enthousiasmant Trio pour violon, violoncelle et piano en mi bémol Majeur, et celle de cet ensemble de trois musiciens flamboyants, dans un Chostakovitch magistral.
Debargue est devenu en quelques années un des rares pianistes français de dimension internationale, après un début de parcours atypique avant sa révélation fulgurante au Concours Tchaïkovski. Avec son engagement total sur scène, sa compréhension profonde des œuvres qu’il aborde et sa personnalité singulièrement bouillonnante, il est une figure de proue de la scène pianistique française. Mais de récitals de piano seul en concerts en soliste avec orchestre, on a relativement peu l’occasion de le voir jouer en musique de chambre. Il l’a fait ce dimanche, s’entourant de deux artistes de premier choix : Alexandre Castro-Balbi, violoncelle solo de la vénérable Staatskapelle de Weimar et David Castro-Balbi, chef d’attaque du très envié Gewandhaus de Leipzig. Ces deux frères nés dans les années 90 à Besançon, sont d’origine latino-américaine. Formés à la Musique – au sens large – dès leur plus jeune âge par leur père pianiste, ils font un passage par le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris avant de rejoindre la Musikhochschule de Weimar et de s’établir dans la ville de Goethe, Bach et Liszt. Sur scène, ces trois amis de longue date témoignent d’une complicité musicale évidente.
David et Alexandre Castro-Balbi © Alexandre Stehend
Le premier mouvement Andante Moderato du célèbre 2e trio de Chostakovitch de 1944 sur des thèmes Juifs, s’ouvre sur une introduction lente en harmoniques du violoncelle seul. Le timbre pur d’Alexandre Castro-Balbi se mêle à la plainte mélodieuse du violon puis au thème grave du piano. Le deuxième mouvement [epq-quote align= »align-left »]Le deuxième mouvement Allegro Con Brio est un déluge de notes, électrisé par l’énergie débridée de Debargue et des frères Castro-Balbi. [/epq-quote]Allegro Con Brio est un déluge de notes, électrisé par l’énergie débridée de Debargue et des frères Castro-Balbi. Dans le Largo qui suit, annoncé par huit accords prémonitoires au piano, le violon et le violoncelle se font si moelleux, que la profonde tristesse de ce mouvement est empreinte de douceur enviable… jusqu’au retour à l’ironie sarcastique de Chostakovitch. Le trio entraîne le public dans l’Allegretto final satirique avec ses notes répétées et ses pizzicati, jusqu’au thème tonitruant qui tourne en une danse macabre obsessionnelle à couper le souffle, avant de s’évaporer dans un murmure. Le public, emballé, ovationne les artistes.
C’est une nouvelle version du 1er trio de Lucas Debargue. Celui-ci a été composé à l’intention des frères Castro-Balbi en 2016, déjà donné à Paris, mais largement remanié depuis. Le trio s’élance dans une vaste fresque en trois mouvements, une grande chevauchée énergique avec des moments élégiaques de toute beauté. Le premier mouvement Hymnes : très énergique et passionné donne la sensation d’avancer à vive allure dans de grands espaces, quelque chose de l’idée de la [epq-quote align= »align-left »]Un rondo espiègle jusqu’à une course folle, joyeuse et virtuose[/epq-quote]liberté. Puis un second mouvement, Sarabande : lento ma non troppo élabore des constructions émotionnelles vibrantes qui se résolvent en embellies poétiques. Le troisième mouvement Introduction, Rondo et Fugue débute par un dialogue entre le violon et le violoncelle. Patiemment le piano attend. Il laisse chanter ses partenaires avant de faire irruption en accords puissants. S’en suit un rondo espiègle jusqu’à une course folle, joyeuse et virtuose. Les interprètes vont crescendo et les crins voltigent, arrachés les uns après les autres.
Le concert s’achève par court extrait volcanique de Chostakovitch en bis, sous les acclamations du public.
Un concert éclatant d’énergie, de créativité et de vitalité, qui préfigure de belles saisons pour ces trois musiciens. On espère en tout cas les revoir bientôt, avec pourquoi pas, une nouvelle composition de Debargue, qui ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin.
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