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Le Festival d’Aix-en-Provence accueille cette année sa huitième mise en scène de Don Giovanni, l’œuvre emblématique de Wolfgang Amadeus Mozart. En la confiant à l’homme de théâtre Jean-François Sivadier, il s’assure d’un retour aux sources en mettant en lumière les aspects de l’opera buffa jalonnant la pièce construite comme une allégorie du spectacle et un mélange des genres mais également des tons.
Don Giovanni de W.A Mozart mis en scène par J.F Silvadier – Festival d’Aix-en-Provence 2017 © Pascal Victor / artcompress
Qui ne connaît pas l’histoire de Don Giovanni, ce séducteur libertin qui défie le ciel ? Avec Faust, il est l’un des mythes les plus tenaces et a gagné ses lettres de noblesse en entrant dans le langage courant. A l’instar des œuvres de Goldoni, la fable grossière déploie ses ailes malgré un thème quelque peu éculé au moment de sa création.
Tout débute par trois séquences montrant la personnalité charmeuse du protagoniste éponyme. Don Giovanni, fidèle à ses habitudes, tente de séduire une femme, mais pas n’importe laquelle. Il s’agit de Donna Anna. Cependant, son père, le Commandeur, ne voit pas ce manège d’un très bon œil et intervient dans la parade amoureuse du libertin qui finit par l’assassiner.
Plus tard, il tente d’échapper à Donna Elvira, qu’il a épousée puis abandonnée trois jours plus tard, qui le poursuit de son amour. Enfin, au mariage de Zerlina, il essaye de faire succomber la mariée à son charme fou. Faisant preuve de ruse et d’artifice, de pirouettes langagières et de stratagèmes, il mettra tout en œuvre pour se sortir des griffes de ses poursuivants tout en continuant à séduire. Néanmoins, son refus de rédemption et de changement de vie le précipitera aux Enfers, dans ses dernières pulsions de vie et de mort.
Don Giovanni de W.A Mozart mis en scène par J.F Silvadier – Festival d’Aix-en-Provence 2017 © Pascal Victor / artcompress
Jean-François Sivadier frappe cet opéra du sceau de son talent. Il ouvre le plateau à la fête, celle du théâtre, avec des coulisses à vue. Pendant l’installation du public, les acteurs sont déjà là, observant les spectateurs, miroirs de vie comme un marionnettiste anime ses compagnons de chiffons et de bois. Ils ne sont pas encore en représentation mais leur présence permet un début in medias res prometteur. Comme à son habitude, il montre le théâtre en train de se faire et cela fonctionne parfaitement. Jeux de scène, travestissements, théâtralité nourrissent cette fable où tout s’entrelace. Il faut dire que le metteur en scène peut s’appuyer sur une distribution de haut vol, pleinement investie. Si Don Giovanni peut être vu comme un révélateur de désirs enfouis, se construisant comme un acteur dans le regard de ceux qui l’entourent, Jean-François Sivadier est un explorateur de pépites scéniques et vocales.
Philippe Sly est un séducteur né, aussi bien physiquement que musicalementLa distribution jeune et exaltante dont il bénéficie est un atout supplémentaire dans son entreprise de séduction opératique. Après son entrée à l’Opéra national de Paris en janvier dernier dans le Così fan Tutte mis en scène par Anne Teresa de Keersmaeker, Philippe Sly est un séducteur né, aussi bien physiquement que musicalement, bien que souffrant lors de cette seconde représentation aixoise. Sa Sérénade me rend acteur de tous les instants. Avec son physique de jeune premier, il rayonne littéralement sur le plateau, espace où il peut exister pleinement. Que ce soit allongé, la tête renversée, faisant la chandelle ou même esquissant une acrobatie à l’acte I, il est en permanence dans la représentation. Transformé en Christ dans la dernière partie, il est captivant de bout en bout et forme un duo détonnant avec Nahuel di Pierro qui irradie dans le rôle de Leporello, valet complice, drôle et léger de Don Giovanni. Son très bel air du catalogue nous le présente comme sincère. Il en est de même pour David Leigh qui est un peu jeune pour endosser la personnalité du Commandeur mais qui s’impose par une autorité naturelle qui ne va à aucun moment à l’encontre du livret.
Don Giovanni de W.A Mozart mis en scène par J.F Silvadier – Festival d’Aix-en-Provence 2017 © Pascal Victor / artcompress
Du côté féminin, trois femmes se partagent l’éventail des personnalités des victimes du séducteur. Eleonore Buratto est d’une grande précision dans sa ligne de chant et donne vie à une Donna Anna plus que convaincante tandis qu’Isabel Leonard est une Donna Elvira émouvante et d’une justesse exemplaire. La délicieuse Julie Fuchs est une espiègle Zerlina, fidèle mais moins « cruche » qu’il n’y parait.
La musique de Mozart veille à unifier la fable baroque qui glisse vers le fantastique avec ce fil rouge de séduction. Tout est mis au diapason dans cette œuvre que nous redécouvrons sous un jour nouveau. Le discours musical, ultra signifiant, sert une matière hétéroclite. Jérémie Rhorer, très à l’aise dans le répertoire mozartien, insuffle une souplesse vaporeuse dans sa direction musicale du Cercle de l’Harmonie, orchestre qu’il a créé. Très à l’écoute de ce qui se passe en fosse et sur le plateau, il donne le cap idéal à chaque composant. Impulsive et pleine de vitalité, la partition de Mozart explose dans un feu d’artifice des saveurs.
Don Giovanni de W.A Mozart mis en scène par J.F Silvadier – Festival d’Aix-en-Provence 2017 © Pascal Victor / artcompress
Richard Wagner disait de Don Giovanni qu’il est « l’opéra des opéras », une œuvre complète et totale. Mozart et Da Ponte ont écrit de concert une pièce remarquable contenant une très riche palette de tons, d’atmosphères mais aussi de registres. En effet, les moments tragiques côtoient le burlesque et le grivois. Le spectre est large et Jean-François Sivadier s’en empare avec pertinence. Le sens du livret, jamais verrouillé, s’amuse des sens doubles, des intentions à prendre tantôt au premier tantôt au second degré, dans une intrigue de séduction fort plaisante. La mise en scène lumineuse (avec les ampoules colorées en verre de Murano créées par Philippe Berthomé avec des évocations magiques et mystiques) et inspirée témoigne d’une énergie et d’une vitalité fascinantes. Des couleurs et du rythme sont au rendez-vous de cette séduisante production, longuement acclamée au Festival d’Aix-en-Provence, révélant à nos yeux et à nos oreilles toutes les nuances de cette œuvre que nous pensions maîtriser mais qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets.
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