Françoise Levéchin-Gangloff : le solfège, clé de voûte de la liberté musicale
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À l’occasion du centenaire de la naissance d’Henri Dutilleux (1916-2013), le Boston Symphony Orchestra a décidé de lui rendre hommage. Retour sur la relation privilégiée, faite d’estime réciproque et de partage, entre l’orchestre et le compositeur, et entre Nouveau Monde et Vieux Continent.
Ce n’est qu’au dernier concert de la saison du Boston Symphony Orchestra que je me suis rendue compte que mon séjour bostonien allait bientôt s’achever. J’ai eu la chance de profiter de l’entière saison musicale d’un orchestre des plus bouleversants, sur le plan technique et émotionnel. Je me suis laissée séduire par la pureté du son, la précision des attaques et l’intelligence des nuances de ces extraordinaires musiciens dirigés par Andris Nelsons. Quand les Bostoniens retrouveront leur orchestre cet été au festival de Tanglewood, de mon côté je serai de retour en Europe, transformée à jamais par cette expérience musicale et humaine outre-atlantique, et engagée à ne pas perdre le fil conducteur entre la France et les États-Unis.
Le lien entre ces deux pays est bien plus étroit que ce que l’on croit : beaucoup de musiciens français viennent étudier à Boston ou à New York, pendant que leurs homologues américains passent par l’IRCAM de Paris. Les orchestres les plus prestigieux des deux pays se donnent rendez-vous régulièrement d’un côté et de l’autre de l’océan. En 2015, le Boston Symphony Orchestra a été accueilli à la Philharmonie de Paris — avec en soliste Yo-Yo Ma, lui-même de Boston — tandis que cette année, l’Orchestre national de France a commencé sa tournée américaine au Symphony Hall de Boston.
L’attachement des Américains à la France concerne également ses compositeurs : cette année le Boston Symphony Orchestra a créé Aube de Jean-Frédéric Neuburger, commandé en 2015 et dédié à Christoph von Dohnányi et aux musiciens de l’orchestre. Il également célébré cette année-là le centenaire de la naissance d’Henri Dutilleux.
Cette commémoration, trois ans seulement après la disparition du compositeur, n’est pas un hasard, si l’on pense à comment sa carrière musicale a été fortement liée aux orchestres et aux chefs américains, ainsi qu’à la ville de Boston.
Deux fois en résidence au festival de Tanglewood (en 1995 et 1998), le compositeur français s’est vu commander par l’orchestre des œuvres majeures : sa deuxième symphonie Le Double (1959, dir. Charles Munch), The Shadows of Time (1997, dir. Seiji Ozawa) et Le temps l’horloge, dédiée à Renée Fleming.
La création de cette œuvre, commandée aussi par le Japon et la France, avait laissé à Dutilleux l’émouvant souvenir de « trois orchestres venant de différents continents, chacun d’eux ayant joué un rôle important dans [sa] carrière de compositeur depuis 50 ans ».
Tony Fogg se souvient également de cette relation privilégiée. Pour le manager artistique du Boston Symphony Orchestra et du festival de Tanglewood, la mémoire de Dutilleux ne se limite pas à « la singularité de son langage musical […] mais aussi à sa grâce personnelle, sa générosité et sa pureté d’esprit. […] Dans le contexte de sa longue relation avec le Boston Symphony Orchestra, Munch et Ozawa étaient ses dieux, mais tout aussi importants à ses yeux, étaient les jeunes compositeurs qu’il avait aidés lors de ses visites à Tanglewood – amitiés qu’il a conservées avec le temps. Nous avons eu la chance de jouir d’une relation unique avec cette extraordinaire personnalité ».
[epq-quote align= »align-left »] »Trois orchestres venant de différents continents, chacun d’eux ayant joué un rôle important dans ma carrière de compositeur depuis 50 ans » – Henri Dutilleux[/epq-quote]
A Boston, la célébration de Dutilleux de cette année a donc permis au public d’écouter deux commandes américaines, Timbres, espaces, mouvement et Le temps l’horloge, sous la baguette de deux chefs français, Charles Dutoit et François-Xavier Roth, mais aussi de découvrir une sélection de pièces de chambre grâce aux Boston Symphony Chamber Players. L’ensemble de chambre de l’orchestre avait interprété la Sonatine pour flûte et piano (1943), la Sarabande et cortège pour basson et piano (1942), le Choral, cadence et fugato pour trombone et piano (1995) et Les Citations pour hautbois, clavecin, percussion et contrebasse (1991).
Valorisées dans le cadre de son programme pédagogique — dédié cette année à Debussy, Ravel et Dutilleux — l’orchestre a clôturé sa saison ce soir, le 23 avril 2016, avec les célèbres Métaboles, commandées et créées à Cleveland pour le 40e anniversaire de l’orchestre, et rejouées à Boston. Quoi de mieux pour terminer la saison que cette musique de « transformation », où le changement est constant comme chez les metabolae, ces insectes subissant des processus de métamorphose qui ont inspiré à Dutilleux le titre de la pièce ?
Les Métaboles offrent un parcours entre des mouvements interdépendants, aux caractères individuels, et où l’identité de la pièce n’est jamais perdue.
Cette oeuvre, qui met en valeur les spécificités de chaque section de l’orchestre, est pour Dutilleux un « cercle fermé d’une manière qui correspond à la notion de temps circulaire, comme les saisons dans l’année. C’est une forme plutôt personnelle et, même si certaines personnes trouvent le terme Métaboles trop étroitement liée à la biologie où à la médecine, finalement pour moi il est très approprié. »
Individualité et interdépendance, transformation et circularité du temps… Au moment où je me prépare à mon retour en Europe, je ne peux que m’interroger sur ces notions.
Le Vieux Continent est en pleine transformation, mais sera-t-il capable de se métamorphoser ? Réussira-t-il à garder son identité tout en la transformant ?
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