Vincent Genvrin et l’art de la transcription
Sous les doigts de Vincent Genvrin, l’orgue de Radio France se prête à l’art de la transcription. Sur cet enregistrement, […]
Du 17 août au 1er septembre 2019, s’est tenu à La Côte-Saint-André (Isère), ville natale d’Hector Berlioz, le Festival qui lui est dédié. Le directeur artistique Bruno Messina a souhaité donner un éclat particulier à ce rendez-vous annuel pour le 150ème anniversaire de la mort du compositeur. Retour sur les épisodes marquants de cette édition.
Après un « Acte I » en 2018, le Festival Berlioz poursuivait et clôturait sa commémoration de la disparition d’Hector Berlioz par cet « Acte II » au cours duquel nombre de chefs d’œuvre ont été donnés avec la complicité des meilleurs interprètes du moment : célébration particulièrement réussie que cet « Acte II » qui aura vu passer et entendre, excusez du peu, Valery Gergiev, Sir John Eliot Gardiner, François-Xavier Roth, Hervé Niquet, Tugan Sokhiev, Douglas Boyd, chacun à la tête de sa formation respective, pour ne parler que des chefs d’orchestre… De cette chronique berliozienne, nous avons extrait quelques moments forts.
Loin de la version décevante et, en tous cas inaboutie, des Troyens donnée au début de cette année 2019 à Bastille, la Prise de Troie ( Actes 1 et 2 de de l’opéra « Les Troyens » ) proposée en version de concert par François-Xavier Roth le dimanche 25 août, à la tête du Jeune Orchestre Européen Hector Berlioz – Isère, toute en énergie et en sensibilité, a enthousiasmé le Festival.
Isabelle Druet et François-Xavier Roth © Festival Berlioz Bruno Moussier
Isabelle Druet a merveilleusement réussi sa prise de rôle d’une Cassandre en émotion et en finesse : elle a réellement incarné ce personnage, témoin halluciné de l’aveuglement des siens et annonciatrice des désastres à venir.
Elle a été accompagnée par un très beau plateau de chanteurs emportés par la dynamique insufflée par François-Xavier Roth, et un Choeur au taquet (le Choeur de l’Orchestre de Paris associé au Choeur Européen Hector Berlioz admirablement préparés par leurs chefs Lionel Sow et Anass Ismat), puissant et bien timbré.
© Festival Berlioz Bruno Moussier
Hâte de retrouver les mêmes interprètes pour les trois actes suivants, et entendre – et voir – Les Troyens en entier dotés de cette même intensité lyrique.
A la tête de son Orchestre de chambre de Paris, dans un programme associant des compositeurs allemands, un compositeur contemporain et Berlioz, le chef écossais Douglas Boyd nous a tout d’abord livré une belle lecture de Siegfried Idyll de Richard Wagner, interprété dans un format chambriste.
Suivait une création mondiale Nuits d’été – poèmes spirites : sur des poésies de Frédéric Boyer, le jeune compositeur Arthur Lavandier – qui avait déjà fait parler de lui à La Côte-Saint-André avec une Symphonie Fantastique revisitée – a souhaité « relire » des Nuits d’été (du même nombre, à savoir six), sur d’autres textes. L’expérience est intéressante, le librettiste Frédéric Boyer évoque « la voix des aveux, de la plainte, des romances, des supplications et des prières » ce qui fait bien sûr écho à la poésie de Théophile Gautier, l’ami de Berlioz. Sur ces textes, Arthur Lavandier tisse une musique tour à tour emportée et comme immobile.
Stéphanie d’Oustrac et Douglas Boyd © Festival Berlioz Bruno Moussier
Si « l’ami » Félix Mendelssohn était attendu avec l’ouverture de son Songe d’un nuit d’été, tous étaient tournés vers les Nuits d’été et surtout son interprète, Stéphanie d’Oustrac : elle n’a pas déçu ! Bien au contraire, elle a, élégante et altière, donné une vision de l’œuvre tour à tour déchirante (Sur les lagunes), émotive et intérieure (Absence et Cimetière), mutine, rayonnante et pleine d’humour dans l’Île inconnue.
Les « Nuits d’été », comme un seul et même poème.
Il était inévitable que le « Tsar Gergiev » rencontrât le « Roi Hector ». Belle rencontre, ce mercredi 28 août. Valery Gergiev, tel un démiurge, chef sans estrade cerné par ses instrumentistes, se fait parfois « catcheur », parfois prêtre guidant ses ouailles.
On sait que « Roméo et Juliette » est une symphonie, avec choeurs et solistes, et qu’elle allie, comme la plupart des œuvres de Berlioz, puissance lyrique et poésie. Valery Gergiev sculpte avec amour cette partition symphonique en grandes masses sonores.
Valery Gergiev, Yuliya Matochkina et Alexander Mikhailov © SBarral-Baron
Il exploite la puissance de son Orchestre du Théâtre Mariinsky où tous les pupitres sont exceptionnels, principalement les cordes (les violoncelles !) et ce pour livrer un Roméo et Juliette tout en force, soutenu en cela par des choeurs dotés d’une extraordinaire projection sonore.
A ce jeu, les solistes apparaissent plus ordinaires, et si la mezzo-soprano Yuliya Matochkina campe une Juliette d’une très grande beauté, en tristesse retenue, on regrettera l’inutile théâtralisation de Mikhail Petrenko (basse) de son Père Laurence, tout en déploration de la guerre que se livrent les Capulets et les Montagus qui s’affrontent dans de très belle joutes vocales des deux choeurs.
Hector Berlioz a-t-il obtenu sa revanche pour son Benvenuto représenté ici le jeudi 29 août ?
On sait de cette oeuvre qu’elle fut un échec à sa création (« Malvenuto » Cellini…, comme on a, à l’époque, brocardé l’opéra, ouvrage retiré de la scène dès la 3ème représentation). Ce Benvenuto Cellini (dans la version choisie ici dite « Paris I » en 2 Actes et 4 tableaux) a constitué sans conteste un sommet (sinon « LE » sommet) du Festival 2019, année commémorative ; en toute hypothèse, il fera date.
Pour beaucoup cette oeuvre était une découverte et le Festival a fait un accueil triomphal à ce chef d’œuvre dont on s’étonne encore qu’il ne soit quasiment jamais joué, du moins en France ; mais nul n’est prophète…
Le livret de Benvenuto Cellini (de Wally et Barbier) se fonde sur les mémoires du sculpteur et orfèvre, et narre un épisode de la vie de l’artiste en 1532, à Rome : la commande par le Pape Clément VII à Benvenuto Cellini d’une statue de bronze de Persée, le tout sur fond de jalousies professionnelles et amoureuses avec son confrère et rival Fieramosca.
Benvenuto Cellini © Festival Berlioz Bruno Moussier
Ce récit – parfois extravagant – donne prétexte à Berlioz pour développer une musique survoltée, parfois superbement chaotique, toujours géniale. Si le retournement de situation de la seconde partie peut en étonner plus d’un, on ne peut qu’admirer le génie berliozien mis au service de la puissance lyrique.
Sir John Eliot Gardiner, en grand chef berliozien, à la tête de ses ensembles, l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique et le Monteverdi Choir, est à la manœuvre en maître souverain.
Sir John Eliot Gardiner © Festival Berlioz Bruno Moussier
Il donne à entendre toutes les richesses de cette partition, sa densité, sa puissance, mais aussi – et surtout ! – ce qu’il peut y avoir dans cette musique, de clarté, de transparence et de lumière…
Et que dire du ténor américain Michael Spyres qui incarne un extraordinaire Benvenuto : diction impeccable, vocalité superbe, et qui est probablement le seul actuellement à pouvoir porter avec virtuosité ce marathon vocal.
« Benvenuto Cellini », Sophia Burgos et Michael Spyres © Festival Berlioz Bruno Moussier
Le plateau de solistes est en tout point magnifique : on retiendra les passionnantes interprétations de Lionel Lhote qui compose un réjouissant Fieramosca, Tareq Nazmi qui incarne superbement le Pape Clément VII, sans oublier la très belle composition d’Adèle Charvet dans le rôle travesti d’Ascanio et celle également, pleine d’humour, de Maurizio Muraro dans le rôle du trésorier du Pape, Giacomo Balducci, sans oublier une émouvante Sophia Burgos dans Teresa.
La chorégraphe Noa Naamat (assistée aux lumières par Rick Fisher et Sarah Denis Cordery aux costumes) a réalisé une mise en espace habile qui exploite avec bonheur les contraintes du plateau du Château Louis XI.
Cette production, reprise à l’Opéra Royal de Versailles et qui doit rejoindre Londres et Berlin, constitue une belle réussite qui pourrait inciter (sait-on jamais ?) l’Opéra national de Paris à inscrire ce chef d’œuvre à son répertoire.
Belle, mais pas inoubliable, tel est le sentiment qui ressort de cette production de la Damnation de Faust. Non que l’Orchestre National du Capitole ait démérité en quoi que ce soit ; bien au contraire, il a démontré qu’il était d’évidence un des tous premiers orchestre français, d’une très belle cohésion et d’une grande musicalité. Mais la direction de Tugan Sokhiev nous est parfois apparue un peu éloignée du propos berliozien.
Volontiers primesautier – alors que tout est dans cette pièce poésie, drame et sarcasmes – Tugan Sokhiev est, en revanche, un chef extrêmement soucieux des voix et dirige les Choeurs (magnifique Choeur basque espagnol Orfeon Donostiarra) avec minutie et une attention de chaque instant, ce qui évidemment est primordial dans cette oeuvre.
Dans la distribution vocale on retiendra la belle prestation de Marc Laho dans Faust, grand ténor, doté d’une très belle voix, qui souffre sans doute de la comparaison, en ce même lieu, du Faust de Michaël Spyres, autrement plus vivant et dramatique.
On retiendra enfin les belles interventions de chacun des solistes, Paul Gay en Méphistophélès, Sophie Koch en Marguerite, et Julien Véronèse en Brander.
Un programme symphonique comportant l’exécution de la 5ème symphonie de Beethoven et bien sûr la Symphonie Fantastique de Berlioz par l’orchestre Les Siècles sous la direction de son chef François-Xavier Roth, clôturait cette édition exceptionnelle.
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