De l’art du rébus en musique
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La deuxième journée du Festival de la Chaise-Dieu 2019 était consacrée à l’interprétation d’une œuvre célèbre du répertoire, la 9ème symphonie de Beethoven, et aussi à un très bel oratorio d’Alessandro Scarlatti méconnu, mais à découvrir.
Le jeune et brillant chef d’orchestre Jérémie Rhorer est un musicien unanimement apprécié, à juste titre, pour ses découvertes musicales et ses interprétations innovantes de chefs-d’œuvre. C’est donc tout naturellement qu’il a souhaité livrer à la Chaise-Dieu ce samedi 24 août aux côtés du Cercle de l’Harmonie, sa version d’une des œuvres les plus célèbres et les plus jouées du répertoire symphonique : la 9ème symphonie de Beethoven.
Jérémie Rhorer dirige la 9ème symphonie de Beethoven à la Chaise-Dieu © Bertrand PICHENE
Œuvre tellement jouée qu’on finit par oublier qu’elle est d’une difficulté redoutable. En effet, véritable piège que cette « neuvième », grand œuvre de la fin de la vie de Beethoven, d’une longueur inhabituelle pour l’époque et surprenante par l’intervention d’un chœur dans le mouvement final. L’interprétation qui nous en a été donnée porte bien la marque de l’ambition artistique de Jérémie Rhorer. Elle nous a apporté de grands moments de beauté musicale, particulièrement dans le mouvement lent, et nous a laissé entrevoir la richesse d’une lecture renouvelée de cet ouvrage, quelque part un peu dément ; interprétation qui aurait mérité d’être plus aboutie, mais qui aura livré néanmoins de belles fulgurances.
La 9ème symphonie de Beethoven à la Chaise-Dieu © Bertrand PICHENE
Le chœur, fruit de l’association de trois formations (d’une part le chœur de chambre Spirito, d’autre part le Jeune Chœur symphonique, tous deux dirigés par Nicole Corti, puis le Chœur régional d’Auvergne), a été irréprochable, les trois formations ayant fait preuve d’une belle synergie et d’un grand engagement. Parmi les solistes, la soprano Fabienne Conrad et surtout le ténor Renaud Van Mechelen ont vraiment tiré leur épingle du jeu dans le défi sonore que constitue cette œuvre.
Le concert du soir, toujours à l’Abbatiale, était consacré à l’un des premiers oratorios (le 6ème selon le chef, Thibaut Noally ) d’Alessandro Scarlatti, Santa Theodosia, œuvre méconnue qui a surpris par sa beauté, servie par des interprètes d’exception.
Bonheur musical que cet oratorio dont le titre original est Il martirio di Santa Teodosia et qui narre l’histoire (revisitée…) du martyre de Sainte-Théodosie de Tyr dont on suppose qu’elle a pu être écrite par Pietro Ottoboni, le librettiste de cet autre célèbre oratorio de Scarlatti, Il primo omicidio.
Santa Theodosia de Scarlatti à la Chaise-Dieu © Bertrand PICHENE
L’action se situe à Tyr, dans l’actuel Liban, vers 307. Theodosia subit et refuse les avances répétées d’Arsenio, fils du gouverneur romain Urbano. Elle préfère mourir plutôt que de lui céder. Elle va donc subir le martyre, lequel, historiquement, lui aurait été infligé non pas pour avoir refusé le mariage avec Arsenio, mais pour avoir protégé des chrétiens persécutés….
Comme tout oratorio de Scarlatti, l’œuvre (1680) est constituée d’une succession d’airs, duos, trios et choeurs, des pages instrumentales assurant les liaisons, le tout d’une grande virtuosité. La partie vocale se compose de quatre solistes : Theodosia interprétée magnifiquement par Emmanuelle de Negri, Arsenio par l’exceptionnel ténor Emiliano Gonzales Toro (chacune des interventions est un plaisir d’écoute) et les rôles de Decio, le préfet qui apparaît comme une sorte de médiateur et Urbano père d’Arsenio, tous deux respectivement incarnés par l’alto Anthea Pichanick et le baryton Renato Dolcini.
Le quatuor vocal est accompagné par un orchestre composé exclusivement de cordes, associé à un continuo: luth, contrebasse, basson, orgue positif et clavecin.
Cet ouvrage passionnant alterne airs à caractère mystique tel l’un des arias de Theodosia « Si le Ciel m’invite à la joie éternelle, je vous embrasse tourments, je méprise la vie » et arias remplis de fureur, de colère, parfois même de cruauté tel l’un des arias d’Urban : « Pour tourmenter cette vierge indigne, dans une plus grande douleur, que chacun d’entre vous se transforme en bête sauvage« …! Ce qui donne prétexte à Scarlatti de développer une musique très expressive, jamais lassante.
Santa Theodosia de Scarlatti à la Chaise-Dieu © Bertrand PICHENE
Le violoniste Thibaut Noally assure du violon la direction musicale de cette découverte, à la tête de son ensemble Les Accents, d’une admirable densité musicale. Il serait opportun de prévoir sans tarder l’enregistrement de cette pièce, notamment pour le plaisir de réentendre le sublime aria final de Theodosia, » …anges qui m’accueillez, prenez mon cœur, il vole déjà vers vous , enveloppez-le, belles étoiles, d’un feu ardent« .
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