Vincent Genvrin et l’art de la transcription
Sous les doigts de Vincent Genvrin, l’orgue de Radio France se prête à l’art de la transcription. Sur cet enregistrement, […]
La 8ème édition du festival « Orchestres en Fête ! » s’est tenue du 18 au 20 novembre dernier. Une programmation aux quatre coins de la France pour découvrir les grands standards symphoniques, mais aussi une série de concerts « déconcertants », pour faire découvrir l’orchestre autrement. Au titre de ces expériences musicales (d)étonnantes, la création de Geek bagatelles de Bernard Cavanna, pour orchestre et chœur de… smartphones.
Ce dimanche 20 novembre, après avoir pu découvrir, en écho à l’exposition « le Mythe Beethoven » actuellement programmée à la Philharmonie de Paris, les valeurs sûres qui font la notoriété du compositeur, c’était avec l’injonction formelle de garder nos portables allumés et le volume au maximum que nous étions conviés à une dernière expérience musicale : « Beethoven on line », ou la parfaite synthèse de la ligne artistique du festival Orchestres en fête !
L’orchestre de Picardie, dirigé par Arie Van Beek, a d’abord proposé la 7ème symphonie de Beethoven avec l’ultra-célèbre 2ème mouvement, trop grave et solennel pour finir en sonnerie stridente de téléphone. Puis nous avons participé à la création mondiale de Geek Bagatelle, une œuvre de Bernard Cavanna pour orchestre et choeur de… smartphones.
Il faut l’avouer, c’est la curiosité (perplexité ?) pour cette deuxième partie de programme qui m’a incitée à braver la morosité de fin de weekend pour assister à ce concert. Je me sentais presque investie d’une mission, membre d’un pseudo-comité de labellisation venu légitimer (ou non) la place du smartphone dans un effectif symphonique. Allait-on vivre un Hernani musical ? Allait-on avoir matière à palabrer des heures durant sur la musicalité d’un portable? Allait-on décider de soumettre au Petit Robert une nouvelle définition ? « instrument : n. m., du latin instruere, « outiller » : qui fait du bruit, peu importe si c’est joli ».
Intrigant sur le papier, déconcertant sur le moment, remuant après. Au point où même l’écriture d’un article en devient difficile. Ce soir-là, nous étions acteurs de la création d’une œuvre parabolique sur la destruction de l’humanité. Difficile donc, voire déplacé, de faire de cette expérience une simple lecture musicale. Prenant appui sur des fragments de l’Hymne à la joie, nous étions sollicités pour intervenir à plusieurs reprises dans le morceau avec nos propres smartphones, parties prenantes de la mise en musique du chaos dans lequel notre civilisation plonge « joyeusement ». C’était abrupt, cru, cynique. Ce n’était même pas désespérant, car il n’y a plus d’espoir. Bernard Cavanna ne s’en cache pas : dans l’argument de l’œuvre, il exprime clairement son intention de tendre au public le miroir de l’humanité décadente dont il ne reste plus que de vagues réminiscences, lointaines, mourantes : la destruction de notre héritage musical comme litote de la destruction de notre culture, destruction accélérée par des technologies qui nous aliènent désormais, nous qui les avons créées.
[epq-quote align= »align-left »]Bernard Cavanna exprime clairement son intention de tendre au public le miroir de l’humanité décadente dont il ne reste plus que de vagues réminiscences, lointaines, mourantes[/epq-quote]
Le smartphone, Frankenstein des temps post-modernes ? Pourtant, et c’est là tout le trouble que l’œuvre a pu provoquer chez moi, alors que le public produisait une cacophonie oppressante avec ses engins de poche, le chœur de smartphones sur scène, lui, ne créait pas la dissonance, ne percutait pas, ne provoquait pas. Il avait toute sa place, tant visuelle que musicale, dans l’orchestre. Sans doute parce qu’il a été travaillé comme un véritable instrument : choeur de « musiciens » (composé de lycéens d’Abbeville), chef de chœur qui guidait les mouvements que les jeunes devaient reproduire pour suivre la ligne mélodique. Car oui, il y avait une ligne mélodique ; comme les cordes d’un orchestre, le smartphone demandait lui aussi des mouvements coordonnés et précis pour faire naître le son et le moduler : une chorégraphie douce et harmonieuse pour annoncer le chaos.
De ce chœur se dégageait une forme d’unité, par la régularité et la stabilité de ses interventions, par ses sons fluides qui offraient un fragile lien aux lignes désarticulées de l’orchestre.
Smartphone cohérent avec la musique et l’orchestre, comme il l’est dans nos vies. Illusion de l’échappatoire qu’il représente dans notre quotidien ? Même si l’œuvre est résolument pessimiste, j’ai préféré y voir un sursaut de liberté chez l’Homme de faire de ses « outils » ce qu’il en décide : s’il est le responsable de son propre chaos, il en est de même pour l’harmonie : elle naît et naîtra d’abord de lui, pas de ses instruments.
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