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La Flûte enchantée de Mozart est en ce moment à l’affiche de l’Opéra Comique dans la mise en scène imaginée par Barrie Kosky et le collectif 1927 de Suzanne Andrade et Paul Barritt, créée en 2012 à la Komische Oper de Berlin
La flûte enchantée est l’un des opéras les plus connus au monde, pour ses multiples niveaux de lecture, musicaux, textuels et philosophiques, et sa capacité de parler au plus grand nombre, de l’enfant à l’adulte, du néophyte au mélomane.
Barrie Kosky, Suzanne Andrade et Paul Barritt, ont imaginé une mise en scène sachant s’intégrer et apporter un regard neuf sur le Singspiel de Mozart.
Le parti pris est audacieux : les dialogues parlés ont été réduits et transformés en intertitres de film muet, accompagnés par un piano-forte du XVIIIème siècle, jouant la Fantaisie n°4 en do mineur et la Fantaisie n°3 en ré mineur de Mozart. Puis, l’intrigue a été déplacée vers un monde onirique et surréel, où les chanteurs deviennent les acteurs d’un film d’animation.
Départ pour un voyage fantastique
Le spectateur est ainsi embarqué dans un voyage fantastique, explorant plusieurs domaines artistiques : le cinéma (de Méliès à Pabst, de l’expressionnisme allemand au cinéma des années 20 de Fantasia de Walt Disney à Tim Burton, du Sens de la vie des Monty Python au Magicien d’Oz ou encore à la Panthère Rose) le spectacle vivant (le théâtre, l’illusionnisme le cabaret, le vaudeville, le music-hall), l’art (de la pop art, à l’art contemporain), la littérature jeunesse (Pinocchio, Alice au pays des merveilles), le dessin (du dessin technique à la BD) et le jeu vidéo.
Tous ces univers cohabitent avec la plus grande cohérence visuelle, sans rien enlèver au sens de l’opéra de Mozart, au contraire en le valorisant dans un contexte esthétique plus proche du public du XXIème siècle et de ses références culturelles. La vidéo se « superpose » donc à la mise en scène et au jeux d’acteurs, tout fonctionne ensemble, “main dans la main » comme dit Suzanne Andrade dans une interview.
En effet, les animations des 2000 dessins faits à la main et projetés sur l’écran géant au fond de la scène, sont actionnées manuellement en suivant la partition, ce qui permet une parfaite synchronisation avec la musique.
La Flûte enchantée ©Iko Freese / drama-berlin.de
Des animations fluides et convaincantes
Les chanteurs, devant la scène ou sur des plateformes en hauteur, interagissent avec la vidéo de manière fluide, Papageno caresse son chat “virtuel” et l’armée d’automates de Sarastro escorte ses prisonniers. Les jeux de projection sur les décors sont bien imaginés, notamment la reine « araignée » de la nuit ou la vue d’en haut du lit de Pamina.
Les animations arrivent également à créer l’illusion du mouvement (on retrouve plusieurs fois les personnages en train de courir, de voler ou de flotter tout en restant à leur place), à faire rire le public (les loups de Monostatos qui se transforment en danseuses de cancan), ou à le surprendre (la belle scène de l’ascenseur descendant dans les profondeurs de la terre et celle des tarots où les amoureux se transforment en squelettes).
Les moments poétiques ne manquent pas non plus, comme dans le charmant duo Bei Männern, welche Liebe fühlen, où Pamina et Papageno, tels Roméo et Juliette au balcon, chantent l’amour pendant qu’un univers fleuri et étincelant se crée autour d’eux.
La Flûte enchantée ©Iko Freese / drama-berlin.de
Des personnages tout droit sortis d’un film muet des années ’20
Des deux distributions assurant les nombreuses représentations sur plusieurs jours, nous avons pu voir la deuxième, avec Adrian Strooper en un Tamino aux allures Burtonniennes, très convaincant dans sa fragilité et son manque de confiance. Dommage que son timbre charmant soit pénalisé par une émission un peu faible.
Andreas Bauer s’impose par sa présence scénique et nous offre un Sarastro à la voix profonde et caressante, tandis qu’Olga Pudova incarne une reine de la nuit terrifiante, inspirée de la célèbre araignée géante de Louise Bourgeois.
Le Monostatos/Nosferatu de Johannes Dunz est âpre et comique en même temps, tandis que la Papagena/danseuse de cabaret de Martha Eason est pétillante à souhait.
Côté trios, si les trois enfants (du Tölzer Knabenchor) déguisés en sphinx tête-de-mort ont quelques soucis de justesse, Inga-Britt Andersson, Katarzyna Wlodarczyk et Karolina Sikora nous offrent trois Dames coquines et amusantes.
Richard Sveda est un Papageno/Buster Keaton très attachant, sa voix est agréable et bien projetée, son interprétation naturelle et son interaction avec la vidéo extrêmement précise, de même pour la Pamina de Kim-Lillian Strebel (remplaçant dans la foulée Vera-Lotte Böcker, à son tour prenant la place de Nadja Mchantaf).
Dans son personnage aux allures de Louise Brooks, elle fait preuve de grande expressivité, comme dans la scène où elle est emprisonnée dans la toile de sa mère et se fait agresser par des dizaines d’araignées. De son chant assuré, on remarquera des beaux pianissimi, comme dans Ah ich fuhl’s. Ses costumes sont également réussis, de la tenue de jeune fille naïve aux bordures blanches qui la font ressembler à un dessin animé, à sa robe de matrone bourgeoise, coincée dans les conventions sociales.
La Flûte enchantée ©Iko Freese / drama-berlin.de
Une expérience visuelle inoubliable
En raison des coupures des dialogues et du tempo très rapide choisi par l’orchestre du Komische Oper de Berlin — qui malheureusement a quelques difficulté à s’adapter à l’acoustique des lieux — le temps passe vite, et après 2h40, Pamina et Tamino se retrouvent enfin réunis.
Si cette mise en scène privilégiant le thème de l’amour sacrifie un peu la dimension initiatique du Singspiel « maçonnique » de Mozart, et aplatit les différents personnages, elle a en revanche le mérite de souligner d’autres aspects, comme la relation mère-fille de Pamina et la Reine la nuit, le contraste entre la raison et l’instinct, ou encore l’inéluctable solitude de l’être humain, et surtout d’avoir, du début à la fin, accroché les spectateurs à une expérience visuelle originale et intrigante, qui sera difficilement oubliée.
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