Vincent Genvrin et l’art de la transcription
Sous les doigts de Vincent Genvrin, l’orgue de Radio France se prête à l’art de la transcription. Sur cet enregistrement, […]
C’était à un mariage que nous étions conviés ce soir-là. Un mariage à la cour du Roi-Soleil, rien de moins. Un mariage entre deux instruments, la flûte douce – flûte à bec, flûte d’Angleterre – avec la flûte allemande (notre flûte traversière), apparue à la fin du XVIIe siècle dans l’orchestre de Louis XIV qui l’appréciait particulièrement. Un mariage sur la côte du Trégor, un peu à l’ouest de Lannion. Dans l’écrin de son enclos du XVème siècle, la petite église Notre-Dame de Trédrez accueillait les époux et leurs témoins, une viole de gambe et un clavecin. Une belle affluence avait délaissé le spectacle du coucher de soleil depuis les falaises de Trédrez dans le ciel d’août immaculé pour écouter le programme de musique de chambre française concocté par Valérie Balssa (flûte traversière baroque), Jean-Pierre Nicolas (flûte à bec), Emmanuel Balssa (viole de gambe) et Michèle Dévérité (clavecin).
Programme tout en dentelle baroque, pour des pièces tricentenaires de Michel de la Barre (1675-1745), Jean-Baptiste Forqueray (1699-1782), Jacques Hotteterre (1674-1763) et Marin Marais (1656-1728). Des suites en duos ou en trios, habituellement jouées sur instruments égaux (deux flûtes à bec ou deux traversières) mais dont ces musiciens, tous professeurs de musique ancienne issus de l’école du Nord (Belgique et Pays-Bas), ont appris à marier les timbres pour mettre en son – comme on met en lumière – de nouvelles couleurs issues des différences propres à chaque flûte. Elles se parlent, se complètent, se distinguent, se rapprochent, se mêlent comme deux êtres que l’amour unit sans jamais les réduire à cette seule union. Michel de la Barre, un des meilleurs joueurs de flûte allemande (traversière), fut le premier à composer spécifiquement pour elle, au tournant du siècle. Il en rédige des traités et transcrit le répertoire pour viole de l’illustre Marin Marais.
Si les deux suites en trio (deux flûtes et basse continue) jouées à Trédrez ainsi que la suite en duo (flûte allemande et basse continue), font une première partie d’allure un brin austère – ou bien est-ce moi qui mets du temps à entrer dans la danse -, en quelques instants, le nom des pièces chatouille l’imaginaire: allemande La Marianne, rondeau L’Affligé, allemande La Villequière, gavotte La Bagatelle, rondeau Le Provençal). La viole de gambe nous apprivoise de son continuo délicat et Michèle Dévérité réaccorde son clavecin en vue de deux pièces pour clavecin seul. Avec Jean-Pierre Nicolas, elle a formé le duo de l’ensemble Fitzwilliam : duo clavecin et flûte à bec, dont les missions autour de la musique baroque sont de la connaître, de la faire connaître et de la transmettre. La flûte s’éclipse, le clavecin entre seul en scène, Forqueray l’accompagne : on imagine les jeunes épousées souffler un peu entre la cérémonie et la fête du soir.
En deuxième partie, on peut s’imaginer un instant quelque part à la Cour. C’est Jacques-Martin Hotteterre qui ouvre le bal. Fameux facteur de flûte de tradition familiale (la famille Hotteterre est connue pour avoir apporté des évolutions importantes à l’instrument à la fin du XVIIe), il est l’auteur d’une riche œuvre pédagogique pour les différentes flûtes et passe maître dans l’art de composer pour elles. Les heureux moments, c’est cette suite de 1717 (op. 6) qu’il a composée pour deux flûtes (égales) et sans basse. Pour une vraie nuit de noces entre l’Angleterre et l’Allemagne, Valérie Balssa et Jean-Pierre Nicolas prennent la liberté d’en associer les sonorités et nous donnent tout ce qu’ils peuvent leur faire exprimer de dialogue et de complémentarité. Pour terminer la fête, ils nous offrent des suites de Marin Marais, en particulier une suite en trio en mi mineur pour deux flûtes et basse continue, légère et profonde à la fois, où les deux flûtes rivalisent d’ingéniosité pour tendre à se ressembler en cultivant leurs différences. Le public, dans la petite chapelle du Trégor, n’en revenait pas de ne pas avoir vu le temps passer et brûlait de venir toucher ce beau clavecin : « Audi, Vide et Tace si vis vivere in pace » , nous intimait l’instrument. On ne saurait mieux dire. Quant aux jeunes mariées, elles vécurent heureuses et eurent beaucoup d’enfants !
Escale Baroque,
6 août 2015, église Notre-Dame de Trédrez, Trédrez-Locquémeau (Côtes d’Armor)
Les heureux moments ou le mariage de la flûte douce et de la flûte allemande : musique française au temps de Louis XIV
Valérie Balssa, Jean-Pierre Nicolas, Emmanuel Balssa, Michèle Dévérité
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