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L’organiste Yoann Tardivel vient de consacrer un album aux Trois Chorals de César Franck, mais pas seulement. Sur cet enregistrement réalisé à la cathédrale de Moulins, figurent aussi des extraits des opéras Hulda et Ghiselle, permettant d’apprécier des chefs d’oeuvre injustement méconnus. Dans cet entretien, Yoann Tardivel revient sur ses choix et sur les musiciens qui auraient influencé Franck dans la composition de ses Trois Chorals.
Si la musique de Jehan Alain a été finalement une découverte plutôt tardive, la musique de Franck m’accompagne quasiment depuis toujours, en tout cas j’ai l’impression de l’avoir toujours connue. L’oeuvre d’orgue bien sûr, notamment sous les doigts d’André Marchal, mais aussi sa musique symphonique, son quatuor à cordes pour lequel j’ai une passion aussi débordante que pour d’autres œuvres du répertoire romantique qui ne cessent de me fasciner, comme l’opus 17 de Schumann ou certains tableaux de l’Anneau du Niebelung.
Ces Chorals sont tout à fait passionnants, d’une beauté exceptionnelle, et dépassent de très loin le cadre du répertoire habituel pour notre instrumentLorsque l’on replace les Trois Chorals dans la chronologie du catalogue de Franck, on doit bien conclure, comme l’a fait Joel-Marie Fauquet dans sa biographie, que même si le discours musical est d’une grande maturité et d’une expression profonde, le recueil ne vient pas clore l’ensemble du travail du compositeur. Au contraire, il ouvre la voie à ce qui aurait été sa dernière période créatrice s’il n’avait pas quitté le monde terrestre de manière accidentelle. Qu’une œuvre d’orgue soit aussi significative des recherches et changements profonds qui s’opèrent dans l’imaginaire d’un des plus grands compositeurs de son temps est finalement assez rare. On en trouve d’autres exemples chez Bach, Liszt et Messiaen, et je pense que cela s’arrête là. À ce titre, ces Chorals sont tout à fait passionnants, d’une beauté exceptionnelle, et dépassent de très loin le cadre du répertoire habituel pour notre instrument où, à quelques exceptions près, se mêlent assez souvent musique de circonstances et pages, de qualité variable, inspirées par les pratiques de la liturgie.
César Franck. Reproduction photographique d’un tableau de Jeanne Rongier © Braun & Co
Personnellement, j’ai tendance à considérer l’influence de Bach sur la musique de Franck avec beaucoup de prudence car les quelques éléments biographiques que nous avons sur la question ne montrent pas forcément un intérêt marqué de Franck pour Bach. Au contraire de compositeurs comme Beethoven ou Schubert auxquels il se référait en permanence. De toute façon, la question liée aux musiques ayant influencé Franck est délicate, principalement pour deux raisons. La première est qu’il était en recherche de directions qui le singulariseraient, ce en quoi il était dans un état d’esprit finalement assez germanique et tout à fait post beethovenien. Deuxièmement, la relation qu’il avait à la musique d’autrui, telle qu’elle s’exprime dans sa méthode de travail, était assez particulière : il lisait beaucoup de musique en lien avec son projet du moment, mais comme il le disait lui-même, c’était pour « se chauffer ».
Franck lisait beaucoup de musique en lien avec son projet du momentJe comprends par là qu’il prenait conscience du niveau de qualité des grands créateurs du moment, Liszt ou Wagner, parfois Brahms, afin de se hisser lui-même au même niveau mais au travers de voies qui lui étaient personnelles. Par contre on ne peut négliger l’influence de Beethoven sur Franck mais celle-ci relève plus de la manière de penser la musique et la composition que de la manière de faire. Il me semble également important de parler de Schubert. Franck, âgé d’à peine 15 ans, tient le piano pour la première parisienne – et sûrement française – du trio opus 100. Pour un jeune musicien de cette sensibilité, vivre cette œuvre et son extraordinaire mouvement lent, a probablement fait naître un véritable amour pour la musique de Schubert. Et si certains procédés notamment harmoniques de Schubert se retrouvent chez Franck, ils ne sont que la preuve de cet amour fidèle.
Cd paru chez Hortus
A priori seul le manuscrit personnel du deuxième Choral porte les registrations de la main de Franck. Celles notées en français et en anglais sur le manuscrit destiné à l’édition seraient de la main de Samuel Rousseau, élève de Franck et maître de chapelle à Sainte-Clothilde. Il est d’ailleurs inspirant d’imaginer que Rousseau soit le mieux placer pour cette tâche, lui qui a dû assurément assister, aux travers de diverses improvisations durant les offices à Sainte-Clothilde, à la naissance des Chorals. Mais plus concrètement, il n’y a que peu de registrations qui soient réellement liées à l’orgue de Sainte-Clothilde dans l’oeuvre de Franck, qui donnait des indications pour un orgue romantique standard à trois claviers, ce qu’était l’orgue de Sainte-Clothilde d’ailleurs. Par contre, les Chorals me semblent, parmi les œuvres pour orgue de Franck, les pages les plus inspirées par cet orgue mythique.
L’orgue de Moulins s’est imposé, après de longues recherches il faut bien l’avouer, comme l’instrument idéalAu-delà de la question de la registration, on ressent ses qualités propres et désormais légendaires : la finesse de l’harmonisation, la transparence des ensembles et l’immense poésie qui, aux dires de tous, s’en dégageait. Si l’écriture des Chorals est d’une si grande densité c’est probablement parce que l’orgue de Sainte-Clothilde le permettait, autorisant un éclairage sur la polyphonie aussi net qu’un quatuor à cordes. À ce titre l’orgue de Moulins s’est imposé, après de longues recherches il faut bien l’avouer, comme l’instrument idéal. Il rassemble ainsi toutes ces qualités, tout en ayant les mêmes proportions et le même dessin intérieur que l’orgue de Sainte-Clothilde. Cet instrument merveilleux est de Joseph Merklin et dans le livret du disque, le facteur d’orgue Michel Jurine nous offre un texte très instructif sur la relation qu’entretenait les deux hommes. Il nous apprend quelques détails intéressants sur les positions de Franck concernant la facture d’orgue de son temps.
Yoann Tardivel © Mirko Cvjetkosat
En effet Franck s’impose en quelques pages comme l’un des plus grands compositeurs romantiques. Que la seule sonate pour violon et piano fasse de lui l’un des compositeurs les plus joués dans le monde n’est que justice, mais il faut bien avouer que les mélomanes et oserai-je dire les musiciens eux-mêmes, passent tout de même à côté de beaucoup de chefs-d’œuvre. Citons ses poèmes symphoniques ou ses oeuvres hybrides à mi-chemin entre la symphonie avec chœur et le poème mystique comme Rédemption ou l’imposant mais extraordinaire ensemble que constituent les Béatitudes. Et puis il y a l’opéra. Franck en compose quatre. Les deux premiers sont des œuvres de jeunesse alors que Hulda et Ghiselle centralisent les forces créatrices de Franck tout au long des dix dernières années de son existence.
Ses deux opéras nous aident à mieux définir le romantisme de César FranckFranck tenait beaucoup à ces deux projets qui étaient certainement les deux plus importants de toute sa vie de créateur avec les Béatitudes. Les livrets racontant des histoires de vengeance sanglante et de complots nous éloignent considérablement de l’image du sage mystique que les disciples de Franck, particulièrement d’Indy, ont dressée de son vivant même. Ses deux opéras nous aident à mieux définir le romantisme de César Franck, nourri à la fois des passions de l’âme et d’une humilité chrétienne dans ce qu’elle a de plus naïf et s’exprimant au travers d’émotions tantôt contenues tantôt explosives. Toutes ces facettes se retrouvent merveilleusement dans le voisinage des opéras Hulda et Ghiselle avec les Chorals. En espérant qu’un directeur d’opéra aura un jour la bonne idée de produire ces deux partitions!
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