Ouverture de Présences 2019 : une expérience sonore et musicale convaincante
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L’œuvre de Leopold Godowsky se révèle passionnante et gigantesque, près d’une dizaine d’heures de musique ! C’est un aperçu de ces transcriptions, arrangements et paraphrases, à travers ses plus belles réalisations inspirées notamment par Chopin, Bach et Schubert, que présente le pianiste Laurent Wagschal dans cet enregistrement paru chez Evidence.
En vérité, c’est tout récemment que j’ai découvert les œuvres de Godowsky. Je connaissais seulement quelques-unes de ses études d’après Chopin et c’est en m’intéressant aux transcriptions des œuvres de Bach que j’ai découvert que Godowsky avait transcrit pas moins de trois sonates et partitas pour violon ainsi que trois suites pour violoncelle. Intrigué, je me suis aperçu qu’il avait également transcrit de nombreux lieder de Schubert, des pièces de clavecin, composé des paraphrases sur différentes valses de Johann Strauss, et quantité d’autres pièces encore. Une œuvre qui s’est révélée passionnante et gigantesque, près d’une dizaine d’heures de musique ! C’est donc un aperçu de ces transcriptions, arrangements et paraphrases que mon enregistrement présente à travers ses plus belles réalisations inspirées notamment par Chopin, Bach et Schubert.
Il y a beaucoup de préjugés liés à Godowsky et notamment celui qu’il ait écrit des pièces « injouables ». Il est vrai qu’il a été un incroyable virtuose, ses enregistrements en témoignent et on ne conquiert pas l’admiration de Rachmaninov, Horowitz ou Rubinstein sans raison ! Certaines de ses œuvres se révèlent donc d’une difficulté sans précédent, il suffit d’en voir la partition pour s’en rendre compte immédiatement. Mais cette virtuosité ne se manifeste pas constamment, on la trouve principalement dans les études d’après Chopin, ce dernier ayant eu d’ailleurs également dans ses études cette préoccupation pédagogique d’un travail technique. Le problème est que l’intérêt musical des arrangements de Godowsky a toujours été dénigré, il est pourtant toujours essentiel, la recherche de la difficulté et la virtuosité ne sont jamais un but en soi.
C’est assez paradoxal, on est à la fois très proche de l’original, la trame mélodique et la structure globale étant préservées quasiment intégralement et sans aucune modification ; et en même temps l’œuvre est retravaillée avec beaucoup de liberté. L’harmonie est enrichie, l’écriture est très chromatique et Godowsky réalise un travail contrapuntique approfondi, c’est une de ses caractéristiques que l’on trouve notamment dans les transcriptions de Bach. Dans la transcription de la sonate en sol mineur par exemple, il n’hésite pas à contrepointer l’adagio avec le thème de la fugue. Parfois la transformation est encore plus radicale, le tempo et finalement le caractère même de l’original peuvent être complètement modifiés. Les réalisations de Godowsky donnent lieu à de véritables appropriations et à des recompositions tout à fait personnelles, devenant autant de Godowsky que de Chopin ou de Bach.
Toute sa vie et encore de nos jours malheureusement, on a en effet reproché à Godowsky d’avoir dénaturé les œuvres originales et voulu les améliorer (!). Autant de critiques ridicules quand on sait quelle dévotion il avait pour ses prédécesseurs et c’est toujours avec beaucoup de respect, de style et d’élégance qu’il réalisait ses adaptations. Il n’a évidemment jamais voulu supplanter les œuvres originales, insistant au contraire sur le fait que ces chefs-d’œuvre, qu’il choisissait parce qu’ils constituaient pour lui une base saine et idéale pour son travail, étaient toujours existants et resteraient éternellement joués sous leur forme première. Au fond sa démarche de recomposition est très proche de celle d’écrire des variations, ce qui, par contre, ne suscite jamais aucune controverse.
L’interprétation est d’abord très influencée par celle que l’on souhaite et imagine pour l’original. Mais au fur et à mesure qu’on s’imprègne de la vision de Godowsky on finit par se détacher complètement de l’original et on ne doit finalement plus s’en soucier dans la mesure où il s’agit justement de recompositions à part entière qui ne prétendent pas à une transcription fidèle. Cela dit, les études d’après Chopin demeurent plus proches de l’original que les transcriptions de Bach. Ce dernier étant plus éloigné dans le temps, l’interprétation des versions très romantisées de Godowsky s’éloigne plus sensiblement de celle donnée de l’original par un violoniste.
Il existe en effet de nombreux témoignages de son entourage indiquant que Godowsky était bien meilleur et plus inspiré en conditions de concert qu’en enregistrement. En vérité ceux-ci sont très inégaux ; parmi les très nombreuses bandes qu’il a laissées, si certaines sont effectivement un peu décevantes, on peut trouver aussi de très belles interprétations, je recommande notamment d’écouter ses Nocturnes de Chopin. Mais la diffusion de ses œuvres me semble la meilleure manière de lui rendre justice et je pense que c’est en tant que génial transcripteur que son nom mérite avant tout de retrouver la postérité.
Godowsky, The Art of transcription. Laurent Wagschal, piano. Evidence Classics EVCD026
Laurent Wagschal a présenté son enregistrement sur France Musique le lundi 31 octobre 2016 dans le Classic Club de Lionel Esparza.
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