Ensemble Faenza
Ensemble Faenza © Guilio Riotta / Institut Français - Centre Saint Louis

Le salon de musique à Versailles, conversation avec Marco Horvat

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À l’occasion des trois rendez-vous costumés au Château de Versailles dans le cadre de Versailles Festival 2015, nous avons rencontré Marco Horvat, fondateur de l’ensemble Faenza, qui animera Les Fêtes Galantes : une soirée baroque à La Galerie des Glaces.

 

Marco Horvat, en plus d’être chanteur, théorbiste et gambiste, vous êtes également le fondateur de l’ensemble Faenza. Quelle est la genèse de ce projet ?

Il s’agit d’un ensemble qui travaille essentiellement sur la musique du XVIIe siècle, avec un rapport particulier au texte et à la voix, accompagnée par des instruments à cordes frottées ou pincées.
Nous sommes spécialisés dans la musique italienne et française, avec une préférence pour le début du XVIIe siècle. Nous nous intéressons au répertoire profane et aux musiques de « ruelle » (précurseur du salon). La forme du concert telle qu’on la connait aujourd’hui n’existait pas : le public ne payait pas pour y assister. La musique se faisait dans les cercles fermés des ruelles et de l’aristocratie et était mêlée au jeu, à la danse et à la conversation.

Votre démarche artistique est très créative. Je pense notamment à vos rencontres avec d’autres formes de spectacle (cirque, marionnettes), mais aussi aux concerts mis en espace. Est-ce que cela vient d’une envie d’apporter de nouvelles choses au public ?
Nous n’avons pas de soucis de reconstruction, car il est impossible de restituer exactement les spectacles de l’époque. Il faut essayer trouver des façons de faire qui marchent aujourd’hui, de transmettre cette musique au public et de créer une proximité avec lui.


Comment réagit le public?

Le retour du public est excellent. Dans le salon de musique, les gens sont tout près de nous et participent véritablement au spectacle, nous laissons le hasard choisir son déroulement, comme dans un jeu de cartes. C’est très convivial. Je pense qu’à partir du moment où il y a un échange et un divertissement le public est prêt à écouter toutes les musiques. On joue devant des gens qui n’ont jamais écouté de la musique ancienne et ils en sont ravis.

Ensemble Faenza
Ensemble Faenza © Guilio Riotta / Institut Français – Centre Saint Louis

La conversation est très importante dans votre démarche. Est-ce que vous présentez vos concerts ?
Dans les salons de musique, nous présentons par exemple les instruments, mais en général on évite de faire des présentations pour ne pas casser la magie, en privilégiant plutôt la contextualisation, que ce soit du point de vue dramatique ou dans l’explication d’un texte en italien, par exemple.


L’action culturelle est aussi au coeur de votre démarche artistique…
Nous sommes installés en Champagne-Ardenne, un territoire assez rural, éloigné des feux de la culture parisienne. Le défi est donc de susciter de l’intérêt pour cette musique, particulièrement auprès des jeunes, car nous sommes conscients du problème du renouvellement des publics.

Nous essayons de mener des actions dans les écoles car cela permet de créer quelque chose de vraiment marquant. Quoi qu’il en soit, une fois adultes, ces jeunes auront vécu une expérience leur permettant d’approcher cette musique et ils auront rencontré et échangé avec les musiciens.

Dans le cadre de notre résidence à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, nous essayons d’impliquer les étudiants dans nos productions en leur faisant comprendre certains des aspects pratiques et en les faisant monter sur scène avec nous. On monte également un petit opera comique avec des enfants, un vaudeville.

 

Le 1er juin vous serez à Versailles pour animer une soirée « baroque » en costumes d’époque, avec des Airs sérieux et à boire. Comment l’avez-vous imaginée ?
Nous avons imaginé un spectacle de salon, qui tourne autour de la galanterie et de la séduction.
Deux hommes et une femme alternent deux petites scenettes, pendant qu’Olga Pitarch (soprano), Francisco Mañalich (viole de gambe et chant) et moi même (théorbe et chant), essayons de créer une intimité musicale, tout en essayant d’être mobiles et d’évoluer dans nos costumes.

Je pense que ça vaut la peine d’assister à ce genre de spectacle, dans le cadre exceptionnel du Château de Versailles, pour écouter un style musical qu’on n’entend pas souvent dans les concerts traditionnels, mais aussi par curiosité.

J’ai moi-même très hâte d’y participer : un concert en costume peut quelque fois paraître ridicule, car nous recherchons surtout la proximité avec le public, mais ici tout le monde est habillé, nous sommes dans le même bateau et c’est donc très cohérent.

 


Les Fêtes Galantes : soirée costumée à la Galerie des Glaces
Château de Versailles, le 1er juin 2015 – 19h30

Démonstrations, cours de danse baroque et bal de clôture :
Compagnie l’Eventail, chorégraphe Marie-Geneviève Massé Les Folies Françoises, Patrick Cohen-Akenine

Aria, concert d’Airs sérieux et à boire dans la Salle des Gardes du Dauphin :
Ensemble Faenza, direction Marco Horvat

Concert de musique sacrée à la Chapelle Royale :

Frédéric Desenclos, organiste de la Chapelle Royale et direction

Démonstrations & Saynètes  :
Midnight Première, Jean-Paul Bouron

Visites théâtralisées :

La Compagnie Baroque, Fabrice Conan

 

Parallèlement à sa formation en chant lyrique, Cinzia Rota fréquente l'Académie des Beaux-Arts puis se spécialise en communication du patrimoine culturel à l'École polytechnique de Milan. En 2014 elle fonde Classicagenda, afin de promouvoir la musique classique et l'ouvrir à de nouveaux publics. Elle est membre de la Presse Musicale Internationale.

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