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Conversation avec Alexandre Dratwicki, directeur scientifique du Palazzetto Bru Zane, à propos des livrets scéniques et de leur pertinence aujourd’hui.
Au XIXe, la fonction des livrets scéniques, qui ne doivent pas être confondus avec les livrets (libretti) qui présentent les textes, était d’expliquer étape par étape la disposition générale des artistes, des décors et des éclairages pour une mise en scène d’opéra. Ils pouvaient être très précis, contenir des schémas et des symboles qui indiquaient avec précision le positionnement des éléments du décor ou expliquaient les mouvements à faire.
Dans ces livrets, on suit le déroulement de manière chronologique : au début de chaque acte ou tableau se trouve une implantation, un schéma à plat sur lequel sont dessinés les décors. Ces schémas montrent la profondeur de la scène et indiquent la disposition des panneaux de côté et de fond, et parfois sont complétés par des gravures nous permettant de comprendre les typologies d’ouvertures (vraies ou fausses), les trompe-l’œil et l’emplacement, souvent caché, des systèmes de réflecteurs.
Il y en a de très intéressantes, comme celle du Jugement de Midas, ou celle d’Henry VIII, où les personnages sont regroupés selon leur statut, en jouant sur les costumes et les couleurs.
Les livrets scéniques étaient cruciaux pour les artistes et faisaient partie intégrante de leur formation dès le conservatoire. C’était un outil essentiel dans l’étude des grandes scènes d’opéra et les chanteurs devaient être capables de s’y introduire en suivant les indications. Les créateurs du rôle enseignaient la gestique, les poses, l’expression du visage, les déplacements, dans une vraie démarche de transmission du personnage.
Les chanteurs avaient donc des repères fixes et prenaient réellement possession de leur rôle. Les opéras étaient donc toujours interprétés de la même façon. Ce qui explique la ressemblance frappante entre les différentes interprètes de Carmen au XIXe siècle, qui ont sur leur photo toujours la même expression du visage et la même pose…
On en retrouve différents types, comme les libretti annotés (à droite le livret de l’opéra ; à gauche des pages vides pour y annoter la mise en scène). Ils étaient principalement utilisés en phase de travail, avant l’établissement de la mise en scène définitive. En cas de problème, il arrivait même de retoucher la partition ; d’ailleurs, à mon avis, beaucoup d’aménagements étaient motivés par la mise en scène. Les innovations technologiques ont également engendré des modifications, comme le passage à l’électricité.
On ne sait pas exactement qui étaient leurs auteurs, mais on imagine qu’il s’agissait des premiers régisseurs de scène, qui étaient les garants du respect du livret et de la mise en scène. Les livrets étaient ensuite recopiés à la main par les régisseurs de province, qui allaient à Paris pour demander l’autorisation de jouer l’opéra hors de la capitale. Avec l’avènement de l’impression, les agences théâtrales ont commencé à faire produire les livrets par les grands éditeurs de musique, dont le spécialiste en mise en scène était Palianti.
Le livret ne circulait jamais de manière autonome mais accompagnait la partition et les planches du décor et des costumes. C’est assez amusant de comparer ces livrets aux autres éléments : face à ces objets précis et fiables qui relient chaque geste à la musique, les gravures dans les journaux apparaissent comme fantasmées…
Les coproductions suivent effectivement la même logique qu’alors ; le livret de mise en scène était très utile pour déplacer les œuvres en province ou à l’étranger, ou pour les adapter. Cela permettait donc de satisfaire la fascination pour le faste des mises en scène parisiennes en permettant aux autres théâtres de les reproduire malgré des moyens plus modestes.
Des aménagements étaient même prévus dans les livrets, comme par exemple celui de La Muette de Portici d’Auber, qui se termine par une éruption du Vésuve : il présente des propositions alternatives… ou même la possibilité de la supprimer.
L’éruption du Vésuve dans la Muette de Portici : illustration de presse / Gallica.bnf.fr – Bibliothèque nationale de France
À vrai dire, dans les mises en scène prétendues modernes, on retrouve souvent sans le savoir la disposition d’époque. Les livrets scéniques devraient être un outil de base de la réflexion des metteurs en scène, car ils sont extrêmement liés aux partitions et donnent un sens là où parfois on n’en trouve plus.
Aujourd’hui il arrive souvent de couper des partitions parce que l’on ne comprend pas le sens de certaines scènes – je pense notamment à La Juive d’Halévy, dans lequel un long solo de violoncelle est censé accompagner une ombre passant en arrière plan… mais qui est souvent coupé.
Pour les chanteurs, que je trouve de plus en plus livrés à eux-mêmes puisqu’il n’y a plus de classes de mise en scène, ce serait une aide réelle dans la construction du personnage et de son caractère.
Le théâtre qui aurait le courage de faire une mise en scène qui s’approche de celles de l’époque ferait une véritable création contemporaine : j’imagine déjà des trompe-l’œil extraordinaires et des décors dont chaque détail aurait un sens. Henry VIII de Saint-Saëns à Garnier, ce serait extraordinaire !
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