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Après la tempête de neige qui a recouvert le nord-est des États-Unis, Boston s’est réveillée étrangement silencieuse et vide. Entre sons étouffés et lumière irréelle, la vie a repris peu à peu dans le début d’après-midi de ce dimanche ensoleillé, pendant que le public du Boston Symphony Hall prolongeait le songe de quelques heures grâce à l’Orchestre National de France, arrivé la veille pour la première date de sa tournée outre-Atlantique.
Malgré les rudes conditions météorologiques de la côte est et les nouvelles restrictions douanières relatives aux espèces végétales en danger, qui les ont obligés, entre autres, à remplacer tous les archets, la centaine de musiciens de l’Orchestre National de France a posé le pied sur le sol américain, perpétuant une longue tradition de présence musicale française sur ce continent, commencée il y a presque 70 ans.
Il n’est pas anodin que le premier concert ait lieu à Boston : l’orchestre y avait joué pour la première tournée en 1948, sous la direction de Charles Munch, déjà dans le cadre des Celebrity Series. Fondé en 1938 par le pianiste et impresario Aaron Richmond, cette prestigieuse série de spectacles a présenté au public bostonien des compositeurs et des interprètes comme Rachmaninoff, Poulenc, Stravinsky, Messiaen, Bartók, Toscanini ou encore Maria Callas. Les Celebrity Series sont d’ailleurs un lieu d’ouverture à d’autres genres musicaux (jazz et musique folklorique) et à d’autres publics, avec leur programme pédagogique « Arts for All! », destiné aux étudiants, aux familles et aux seniors.
« l’Orchestre National de France a posé le pied sur le sol américain, perpétuant une longue tradition de présence musicale française sur ce continent, commencée il y a presque 70 ans. »Les spectateurs du concert de ce soir témoignent de cet engagement à l’ouverture : on y retrouve un public hétéroclite où âges, nationalités et styles vestimentaires se mélangent et où évidemment le port de bottes de neige ne fait pas lever un seul sourcil !
Les lumières du Symphony Hall s’éteignent doucement mais pas complètement, comme à l’habitude.
Quoi de mieux pour cet orchestre invité que de commencer par le très français Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy ? La poésie de Mallarmé, plus proche de l’esthétique du Parnasse que du symbolisme qui le caractérisera plus tard, cherche par les mots la beauté du son en soi. Claude Debussy y verra un festin sensuel, sombre et boisé et Philippe Pierlot, faune sophistiqué et moderne, égrène les premières notes de cette illustration musicale sur une flûte en bois. Loin de l’exubérance que le Symphony Hall a sans doute l’habitude de faire résonner, la musique de Debussy déroule un tapis végétal de cordes toutes en retenue, qui rendent organique le son des bois et des cuivres.
Daniele Gatti n’alourdit pas sa direction avec des gestes spectaculaires, mais communique avec l’orchestre en toute subtilité. Si ses gestes se font plus amples, c’est uniquement pour mieux canaliser l’énergie collective des musiciens.
C’est avec le Concerto pour piano n°23 en la majeur de Mozart qu’Alexandre Tharaud a fait ce soir-là ses débuts dans les Celebrity Series de Boston. Il y a un an, j’avais écouté ce concerto joué par Menahem Pressler avec les Berliner Philharmoniker et j’avais été complètement captivée par le jeu du pianiste allemand et sa complicité avec l’orchestre. Je me rappelle encore comment il avait réussi à faire retentir chaque note. Le public et moi-même avions vraiment été tenus en haleine par ce fil émotionnel qui nous avait menés du début à la fin de la pièce, ce fil conducteur tout en intensité dramatique, intelligente et sans concession.
J’avais hâte de revivre ce moment de grâce mais, malgré le jeu feutré d’Alexandre Tharaud, la transition un peu bousculée entre l’Adagio et l’Allegro assai, a rompu ce fil si délicat à mettre en scène. L’étonnante rapidité de ce mouvement, sous la baguette de Daniele Gatti, possédait sans doute sa propre justification, mais elle était ailleurs que dans l’hédonisme sensuel et la contemplation que l’on avait envie de retrouver.
Dans la Symphonie n°5 de Tchaïkovski, l’orchestre retrouve son éloquence entre fluidité, couleurs suggestives et dynamiques soignées qui laissent la musique s’épanouir véritablement. Les vents balancent retenue et élan et accomplissent la volonté du compositeur d’exprimer « ce que les mots ne peuvent pas », comme dans le sublime Andante cantabile où nous remarquerons le jeu évocateur d’Hervé Joulain au cor, de Patrick Messina à la clarinette et de Nora Cismondi à l’hautbois.
L’orchestre ne trahit pas sa mission de rayonnement culturel de la France et quitte la salle en laissant un public – composé d’un très grand nombre de Français, fiers de retrouver leur orchestre, mais également d’autres Européens et de Russes – comblé et ravi, avant de continuer sa tournée, vers le Canada et le Carnegie Hall de New York, en compagnie du violoniste Julian Rachlin.
Notons que l’orchestre a célébré ses quatre-vingts ans en 2014 avec un coffret de concerts inédits.
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