Vincent Genvrin et l’art de la transcription
Sous les doigts de Vincent Genvrin, l’orgue de Radio France se prête à l’art de la transcription. Sur cet enregistrement, […]
Depuis 2010, la Fondation Royaumont soutient la pratique historiquement informée du piano à travers des ateliers d’interprétation, des séminaires de recherche et des concerts sur des claviers anciens. Nous sommes donc allés écouter le récital d’Amandine Beyer, Malcolm Bilson et Tom Beghin autour de Beethoven et du piano romantique.
Dans la lignée de ce qui s’est passé pour la musique baroque dans les années 1970, la Fondation Royaumont a relevé le défi d’une relecture du répertoire romantique basée sur la recherche musicologique et l’utilisation d’instruments d’époque.
En collaboration avec des musicologues de renommée internationale, des pianistes, des institutions américaines et européennes (Université Paris-Sorbonne, Schola Cantorum Bâle, Hochschule der Kunste Bern, Université McGill de Montréal) et avec le concours de la Bibliothèque musicale François-Lang et de la Médiathèque Musicale Malher, elle souhaite changer la vision de la musique romantique et jeter les bases d’une vraie révolution dans l’interprétation de ce répertoire, incarné par Chopin et Beethoven.
C’est à ce dernier et à son art concertant au piano solo qu’une après-midi a été dédiée durant le Festival de Royaumont, en même temps qu’un colloque international sur l’éloquence romantique au piano, toujours dans cet esprit de lier la recherche à la pratique.
La violoniste Amandine Beyer a donc accompagné les pianistes Tom Beghin et Malcolm Bilson dans un voyage autour de la musique pour clavier au XIXe siècle et à la découverte d’instruments anciens.
Le choix de ces interprètes, n’est pas un hasard : Beyer, qui collabore avec la Fondation depuis 2012, est également titulaire d’une maîtrise en musicologie et professeur à la Schola Cantorum de Bâle, et Beghin, membre du comité scientifique du colloque, est aussi professeur associé à l’université McGill de Montréal et directeur d’un groupe de recherche à l’Institut Orpheus de Gand. Malcolm Bilson de son côté, est un vétéran de l’interprétation historiquement informée : depuis trente ans il se dédie à son rayonnement à travers son enseignement à l’Université de Cornell et ses nombreux enregistrements sur des pianos de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle.
Les œuvres choisies illustrent parfaitement la période de grande expérimentation du piano-forte : du point de vue de l’instrument, qui subit au fur et à mesure plusieurs améliorations mécaniques et acoustiques (qui jetteront les bases du piano « moderne ») et de la composition, qui explore technique de jeu, timbres et tessitures.
[epq-quote align= »align-left »]Avoir à disposition la copie du Broadwood appartenant à Beethoven, a permis à Tom Beghin d’ouvrir de nouveaux champs d’investigation et de s’interroger sur l’influence de cet instrument anglais sur la dernière production du compositeur[/epq-quote]
Avec la Sonate n°4 en La mineur op.23, Beethoven réélabore la forme du duo en ne mettant plus un instrument au service d’un autre, mais en faisant dialoguer violon et piano de manière équitable, ici la copie du John Broadwood & Sons de 1817 par Chris Maene ; tandis que Schubert, avec le Duo op.162, D.574, explore l’expressivité de l’instrument, ici valorisée par les sonorités chaleureuses du piano original Conrad Graf de la collection d’Edwin Beunk, qui s’entrelacent merveilleusement à celles du violon.
Avoir à disposition la copie du Broadwood appartenant à Beethoven, a permis à Tom Beghin d’ouvrir de nouveaux champs d’investigation et de s’interroger sur l’influence de cet instrument anglais sur la dernière production du compositeur. Mais la curiosité du chercheur belge sur ce sujet l’a également poussé plus loin, jusqu’à faire construire une « interprétation » de la machine acoustique* créée par André Stein pour Beethoven, sur la base des descriptions figurant dans les cahiers de conversation de Beethoven. Cette machine consiste en une canopée en contreplaqué qui se pose au-dessus du piano en correspondance des cordes et qui permet d’en amplifier le son. En utilisant ce dispositif, Beghin a pu se mettre dans la peau d’un Beethoven qui se confrontait à la surdité et mieux comprendre ses choix compositionnels.
À la fin du concert, le pianiste-chercheur a donc fait une démonstration pratique de l’usage de la canopée, en la posant sur le Broadwood et en jouant ainsi la Sonate n°31 op. 110 en La bémol Majeur de Beethoven, offrant ainsi au public une fascinante immersion dans la vie du compositeur et en lui ouvrant de nouvelles perspectives d’écoute.
Le public a eu également une autre chance, celle d’écouter Malcolm Bilson au clavier d’un Conrad Graf original de 1830, que le collectionneur Edwin Beunk a conservé dans un état impeccable. Son interprétation de la Sonate n° 30 op. 109 en mi majeur de Beethoven a été une vraie exploration des sonorités de l’instrument et une fascinante ouverture à d’autres possibilités expressives.
Les contraintes techniques des instruments anciens et leurs particularités acoustiques — bien différentes des Steinway qui monopolisent nos salles de concert et uniformisent notre écoute — obligent les interprètes à « écouter » le piano, à se laisser guider par lui pour ensuite l’apprivoiser. La façon de jouer la musique romantique peut ainsi être « réinventée » tout comme notre rapport avec le répertoire.
La démarche de la Fondation d’associer un colloque international à un atelier d’interprétation et à son Festival présente un intérêt facilement observable : la recherche ne reste pas l’apanage des scientifiques, mais trouve son application immédiate avec les jeunes musiciens et le public.
Ce dernier accède ainsi aux dernières découvertes en matière de performance historiquement informée, profite de la présence extrêmement rare et fascinante des instruments d’époque et, d’une certaine manière, participe aussi de l’aboutissement des recherches.
Que l’on soit perturbé ou fasciné, la curiosité des auditeurs est stimulée : c’est ainsi que, à la fin du concert, on a pu voir de nombreuses personnes s’approcher des instruments, les explorer et poser des questions aux interprètes.
Rien de plus satisfaisant pour des musiciens-chercheurs que de mesurer de manière directe l’impact de leurs études avec les auditeurs et de former, à travers les ateliers, la jeune génération qui prendra le relais.
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