Vincent Genvrin et l’art de la transcription
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Inattendu et réjouissant ! L’Athénée Théâtre Louis-Jouvet propose l’opéra bouffe d’Albert Roussel « Le Testament de la tante Caroline » du 6 au 13 juin 2019. Une redécouverte essentielle, par la Compagnie Les Frivolités Parisiennes, dont on espère déjà la reprise…
Faire rire alors qu’on est en présence du drame ultime, celui de la mort d’un membre de sa famille, et de surcroît, le faire en musique, ce n’est peut-être pas nouveau mais ce n’est pas si fréquent. Le faire avec talent, c’est encore plus rare.
C’est pourtant le cas de cette oeuvre écrite par Nino, pseudonyme de Michel Veber (1896-1965), auteur, par ailleurs, de livrets d’opérettes de Jacques Ibert et de Manuel Rosenthal, telle « Le Rayon des Soieries« . La musique a été composée par Albert Roussel (1869-1937), compositeur connu principalement pour son ballet « Le Festin de l’Araignée », ses symphonies, son opéra-ballet « Padmâvatî« …
L’œuvre va connaître un destin singulier : créée à Olomouc en Tchécoslovaquie (!) en novembre 1936, elle est ensuite créée en France à l’Opéra Comique, le 11 mars 1937, quelques mois avant la disparition du compositeur, l’œuvre ayant été réduite entre temps à 1 acte au lieu de 3.
L’intrigue nous convie à l’une de ces farces dont la bourgeoisie étriquée et avaricieuse a le secret : se dévorer autour de la dépouille d’un proche, dépouille encore chaude et couteaux déjà tirés… !
C’est en résumé le scénario proposé par Nino et magistralement mis en musique par Roussel : la Tante Caroline vient de mourir, elle dispose à son décès d’un très beau patrimoine qui suscite toutes les convoitises. Elle n’a pas de descendance directe, mais trois nièces dont l’appétit est certain. Leur future situation patrimoniale étant, avec cet héritage, envisagé avec sérénité et confort.
Mais la tante Caroline a rédigé un testament qui va ruiner les attentes desdites nièces: il stipule – pour en être bénéficiaire – des conditions impossibles, voire quasiment insurmontables à réaliser : engendrer un fils au cours de l’année suivant la mort de la Tante ; à défaut l’héritage sera remis à l’Armée du Salut… Cette gestation exigée par la Tante Caroline va donner lieu à toute une série d’acrobaties et être le prétexte de charges comiques toutes plus réjouissantes les unes que les autres.
Le Testament de la tante Caroline © Pierre Michel
La chute n’en sera que plus rude pour les nièces, surtout pour deux d’entre elles, car l’héritage reviendra finalement au chauffeur de la famille, lequel se révèle être le fils naturel de l’aînée des nièces, Béatrice, confite en dévotions mais qui s’est laissée aller à un péché de jeunesse…
Le livret est d’une grande efficacité comique et il est magnifié par la mise en scène de Pascal Neyron et une direction d’acteurs – chanteurs remarquable : « les situations sont franches, la méchanceté est totale » confie le metteur en scène, rejoignant ainsi le souhait d’Albert Roussel de faire « une sorte d’opéra bouffe dont les personnages sont complètement grotesques et devraient être joués sans crainte d’exagérer leurs effets » (cité par Lola Gruber dans les notes de programme).
Le début de la représentation est étonnant et particulièrement bien imaginé. C’est le moment de l’ensevelissement de la Tante Caroline dans la fosse… d’orchestre, au son de l’Ave Verum de Mozart ! Les musiciens entourent à la fois le cercueil – déposé en avant-scène – et la fosse d’orchestre. Le chef d’orchestre en maître de cérémonie et habit de prêtre demande alors au public du Théâtre de se lever, lequel s’exécute ! Tout ceci constitue une savoureuse et irrespectueuse entrée en matière, particulièrement réussie.
Le Testament de la tante Caroline © Pierre Michel
Le compositeur, s’il avait assisté à ce spectacle, aurait sûrement apprécié d’avoir été ainsi suivi à la lettre par les interprètes de cette farce grinçante : tous, sans exception, ont » joué le jeu » de la farce et sont excellents, chacun dans son profil dessiné. Les nièces, Lucille Komitès dans « Noémie », Marion Gomar dans « Christine » et enfin, Marion Lenormand dans « Béatrice », composent et chantent avec bonheur et humour leurs personnages aux côtés des deux maris, tour à tour violents et hypocrites à souhait, Charles Mesrine dans « Ferdinand » et Aurélien Gasse dans « Jobard ». Les deux personnages au centre de l’intrigue étant la soprano Marie Perbost dans « Lucine », la gouvernante de la Tante, et le ténor Fabien Hyon dans « Noël », le chauffeur. Il faut y ajouter les savoureux rôles de composition, tant du notaire, « Maître Corbeau » tenu par Till Fechner que celui du médecin, « Patogène », tenu par Romain Dayez.
Découvrir la musique d’Albert Roussel conçue pour cette pièce est un vrai bonheur. Si l’écriture de cette opérette est moins complexe que celle de ses œuvres les plus connues, on n’en reconnait pas moins la lumière, ce phrasé si particulier des cordes, toujours denses et tendues, et les percussions associées à une rythmique parfois heurtée et rude, souvent déhanchée, très moderne.
On admire, en forme d’introduction à la seconde partie, ce superbe prélude orchestral, tout en douceur et en mystère, ainsi que, tout au long de l’ouvrage, les constants dialogues des voix et des instruments solistes, en particulier les « commentaires » de la flûte et ceux du hautbois.
L’art de Roussel n’est jamais aussi grand que quand il construit avec raffinement cet équilibre entre la petite harmonie et les cordes, sur fond de rythmique à la fois puissante et aérienne. Même avec un format plutôt réduit (autour de 30 instrumentistes), l’orchestre de Roussel sonne somptueusement et accompagne quand il le faut quelques très beaux ensembles, comme celui des nièces avec leurs maris, lors de la mise en présence du notaire et de la famille ou de l’épisode de la clinique, sans oublier le tutti final.
Quelques airs particulièrement savoureux ponctuent l’œuvre, comme celui de Béatrice vers la fin de l’ouvrage, comme une sorte d’éloge à la pêche à la sardine… !
La Direction musicale de Dylan Corlay est en tous points remarquable. On associera à ce succès la scénographie et les lumières ainsi que les costumes de Sabine Schlemmer, très beaux et comiques à la fois. La Compagnie des Frivolités parisiennes fondée et animée par le clarinettiste Mathieu Franot et le bassoniste Benjamin El Arbi est le maître d’œuvre de cette belle production et poursuit avec talent son chemin de découvreuse de partitions et de pièces méconnues – ou pas – du passé glorieux de l’opérette française.
Après « Normandie »de Paul Misraki et ce nouveau succès, on attend avec impatience et gourmandise le prochain spectacle de la Compagnie. Un motif supplémentaire de satisfaction tient au fait que c’est un public mélangé – toutes générations confondues – qui fait un triomphe à cette recréation grandement justifiée.
Enfin, on sera reconnaissant à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet d’avoir accueilli cet ouvrage pour cinq représentations et à Christophe Mirembeau et Pierre Girod pour leurs conseils musicaux.
Production de la Compagnie Les Frivolités Parisiennes (en coproduction avec le Théâtre Impérial de Compiègne et avec le soutien de la caisse des Dépôts, la Fondation Singer-Polignac et les 3 Scènes (Saint-Dizier, Der et Blaize) et en coréalisation avec l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet).
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