Mon Premier Lac des Cygnes : Karl Paquette transmet la passion du ballet
Incarnant aussi bien les rôles de princes par sa haute figure et son port altier, que des rôles sombres par […]
Dans Si loin, si proche ! (suite du film Les Ailes du désir) de Wim Wenders, un ange décide de se faire homme pour sauver la vie d’une petite fille. Dans un cri désespéré il tombe ainsi sur terre, à côté de son armure et d’une mèche de cheveux, seuls souvenirs de son passé immortel.
Le héros envoyé par Dieu dans Lohengrin de Richard Wagner se retrouve parmi les brabançons pour protéger une jeune femme, injustement accusée du meurtre de son frère. Dans la mise en scène de Claus Guth, créée au Teatro alla Scala de Milan en 2012, actuellement à l’Opéra de Paris, Lohengrin fait son apparition jeté au sol, les pieds nus. Des plumes blanches se trouvent autour de lui, en référence au cygne qui tirait sa nacelle et qui donne ainsi le nom à ce héros mythique : le chevalier au cygne.
Tout comme l’ange Cassiel dans le film culte allemand, ce personnage venant « d’ailleurs » va essayer de vivre parmi les hommes et de faire tout le possible pour les comprendre et pour être compris à son tour.
Malheureusement, Lohengrin sera rattrapé par la réalité : sa pureté et son idéalisme devront se confronter à la cruelle réalité des hommes, qui d’abord l’accueilleront comme un sauveur et l’accepteront sans conditions, pour ensuite douter de lui et le rejeter.
Le héros a beau être un chevalier du Graal auquel le Saint Calice a conféré des pouvoirs divins, mais ne pas pouvoir révéler sa vraie nature le tourmente et le fragilise. Ne remplissant pas les attentes idéalisées du peuple, il sera obligé de révéler son identité, trahi par celle en qui il avait confiance, et devra donc repartir d’où il venait.
Tomasz Konieczny (Friedrich Von Telramund), René Pape (Heinrich der Vogler), Martina Serafin (Elsa Von Brabant), Jonas Kaufmann (Lohengrin) dans Lohengrin © Monika Rittershaus / Opéra National de Paris
Claus Guth a situé l’action au moment de la composition de l’Opéra, à l’aube de la révolution industrielle. Les décors sur trois étages, inspirés d’entrepôts du XIXème siècle, clôturent la scène en créant un espace réduit, comme pour emprisonner Lohengrin. Face au public et au protagoniste, le chœur remplit massivement les étages, observateur et juge de chaque mouvement du chevalier.
Si au lever du rideau on a une impression de déjà-vu (on pense notamment au Faust de Jean-Louis Martinoty) qui ne fait pas particulièrement rêver, au fur et à mesure de l’action, cet espace confiné s’adapte de mieux en mieux aux états d’âme des protagonistes.
Malgré sa pureté, Elsa est influencée par la malveillance d’Ortrud, qui l’amène à douter de Lohengrin ; et ce dernier n’échappe pas non plus au regard d’autrui et à l’envie. Les amants ne peuvent donc pas se contenter l’un de l’autre car il ne sont jamais libres : ils sont constamment regardés, jugés, manipulés, agressés.
Le seul moment où la scénographie cesse d’être suffocante se produit lorsque Elsa et Lohengrin se retrouvent enfin seuls, après leur mariage, dans un marécage (« Laissons le monde derrière nous ! », dit Lohengrin). Des troncs d’arbres enveloppent cette scène d’extérieur, où l’on respire un peu et l’on pourrait même croire que cette fois tout ira bien pour les deux protagonistes.
Hélas, petit à petit, le doute s’installe dans le cœur d’Elsa et la manipulation d’Ortrud donne ses fruits : « Dis-moi, Elsa, le poison a-t-il pu pénétrer ton cœur ? », lui demande Lohengrin. Usée par le doute sur la fidélité de son époux et craignant son abandon, la jeune femme lui pose la question interdite, et brise tout espoir.
Tout d’un coup le décor, sans qu’il y ait de changement, prend une connotation différente : les reflets créés par le mouvement de l’eau perdent leur douceur romantique et s’agitent ; les troncs d’arbres, qui s’élèvent à l’infini, deviennent des barreaux, et les roseaux cachent l’ennemi (Friedrich von Telramund) venu attaquer Lohengrin.
L’austérité de la mise en scène est exploitée avec subtilité, à travers les différents éclairages (dont nous félicitons Olaf Winter), la mise en espace du chœur et quelques changements de décors. La présence d’un piano sur la scène ouvre la voie à des symboliques : d’une part l’identification du héros incompris avec le compositeur, cherchant à amener la beauté sur terre, et d’autre part son utilisation comme point d’appui afin de retrouver la mémoire du passé ou se réfugier dans l’introspection. »
L’ambiance de cette soirée à Bastille est effervescente : Stéphane Lissner est dans la salle, tout comme d’autres professionnels de la musique, des personnalités mondaines et les grands mélomanes, tous impatients de revoir sur scène le ténor du moment : Jonas Kaufmann.
Après quatre mois d’absence pour un problème aux cordes vocales, l’artiste allemand a enfin regagné la scène. Prudent, il ne force pas sa voix et limite sa puissance, en nous offrant néanmoins une performance sincère et de très haut niveau, dont nous remarquerons un In fernem Land à couper le souffle. Les fans du beau chanteur, qui ne fascine pas uniquement par la chaleur d’un timbre incomparable, par sa puissance wagnérienne et par sa capacité de rentrer dans la peau de chaque personnage avec une honnêteté émouvante, sont enfin rassurés.
Ce soir, sur la scène de l’opéra Bastille, tout le monde donne le meilleur de soi-même : le grand René Pape offre une interprétation impeccable d’un Heinrich der Vogler digne, solide et convaincant. Depuis sa première attaque d’une douceur émouvante, Martina Serafin est une Elsa réussie : naïve, perdue dans ses rêveries et légère comme une créature angélique, elle contraste parfaitement avec l’Ortrud d’Evelyn Herlitzius, complètement ancrée à la réalité. Nous les remarquons vêtues de la même robe, l’une en blanc l’autre en noir, dans un évident symbolisme manichéen très adapté à cet opéra sans nuances.
Martina Serafin (Elsa Von Brabant) et Evelyn Herlitzius (Ortrud) dans Lohengrin © Monika Rittershaus / Opéra National de Paris
Astucieuse et manipulatrice, Ortrud est la parfaite partenaire de Friedrich von Telramund, obsedée par la vengeance. Leur hypocrisie est des plus évidentes « J’ai des preuves certaines de son forfait ; mais répondre à vos doutes en présentant un témoin serait certes un coup porté à ma fierté » dit Friedrich en accusant Elsa. Après son humiliation, Ortrud réussit à retourner la situation en présence de la jeune femme » Si une funeste folie l’a poussé à t’accuser d’une faute, toi si pure, son cœur est à présent déchiré de remords, il est condamné à une triste pénitence », pour ensuite l’agresser en public : « Si tu n’oses pas le lui demander, nous croirons tous à juste titre que tu devrais toi-même avoir des craintes, sa pureté est bien difficile à prouver ! ».
La révélation de la soirée est en effet le baryton qui interpète Friedrich : se retrouvant à remplacer Wolfgang Koch à la dernière heure, Tomasz Konieczny offre tout de même une performance très assurée et nous épate par la belle projection de sa voix.
Dans la fosse, l’orchestre de l’Opéra de Paris sous la direction de Philippe Jordan assure une lecture riche en couleurs et introspective à la fois, qui montre encore une fois que Wagner sait parler au plus profond de notre âme, en nous bouleversant et émouvant comme peu de compositeurs savent faire.
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